de la 1re partie n Moïra, vingt ans, est prise en chasse par deux hommes en voiture, qui l'obligent à s'arrêter. Moïra se demande ce qui lui arrive : deux policiers descendent de la voiture jaune. Ils s'approchent de la petite Ford : l'un d'eux ouvre la portière et saisit Moïra par le bras. Il est jeune et a la peau basanée. Il arrache littéralement Moïra de son siège. Elle proteste : — Mais que me voulez-vous ? Je n'ai rien fait de mal ! Je ne roulais pas trop vite ! L'autre policier est descendu de la voiture. Une voiture toute banale. Sans aucun signe ni inscription. Il rejoint son collègue qui maintient Moïra fermement. — Vous êtes bien Gena Bigelow ? — Mais non, je ne suis pas Gena Bigelow, je suis sa cousine Moïra Harbell. Que me voulez-vous ? On dirait que les deux hommes n'ont pas entendu ce que Moïra vient de leur crier. A présent, le second policier sort du coffre de la voiture jaune une longue corde. Les deux hommes ligotent la pauvre Moïra. Puis ils la poussent à l'arrière de leur Rover et démarrent. Moïra, bâillonnée, gémit. Mais aucun mot n'est intelligible. Elle essaie de demander : — Mais qu'est-ce que vous me voulez ? La voiture jaune s'arrête enfin près d'un lac. Personne à l'horizon. Au loin, sur l'autre rive, une maison blanche qui semble déserte. Le soleil se couche. D'un rouge sinistre. Les deux policiers extraient brutalement Moïra de la voiture. Ils la poussent vers la rive du lac. Puis ils ouvrent le coffre et en sortent deux petites enclumes qu'ils fixent au cordage qui ligote la malheureuse Moïra... Le premier policier passe son bras autour du cou de Moïra, la tire brutalement en arrière. Moïra voudrait hurler mais le bâillon l'en empêche. Elle sent un objet métallique. C'est le canon d'un revolver que le deuxième homme lui introduit dans la bouche. Moïra pousse un hurlement qui semble ne pas devoir s'arrêter. – Moïra, ma chérie ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Moïra, je suis là. Moïra est blême. Elle met un moment à réaliser dans quel endroit elle se trouve. Le papier à fleurs, les photos au mur, l'abat-jour de soie rose. Elle tremble et claque des dents. Pourtant, elle comprend petit à petit, qu'elle est dans sa chambre à coucher et sa mère, Elisabeth Harbell, est là, en chemise de nuit. Elle lui tient la main. William Harbell, son père, et Timothy, son jeune frère, sont là aussi, en pyjama. Tous posent une question muette : – Qu'est-ce qui t'arrive ? – Je viens de faire un cauchemar. C'était horrible. J'étais en voiture sur une route déserte et j'allais je ne sais où. Deux hommes en voiture ont bloqué mon véhicule... William Harbell l'interrompit : – Tu vois bien que c'était un rêve : tu n'as pas de voiture et même pas de permis de conduire... — Alors ces deux hommes m'ont saisie et m'ont ligotée. Ils m'ont traînée auprès d'un lac et ils m'ont tuée d'un coup de revolver dans la bouche. —Tu parles d'un cauchemar ! Tu as dû trop manger de soupe aux huîtres hier soir. C'est un problème de digestion ! Maman Harbell fait taire son mari. Moïra a vraiment l'air choquée. Elle se met à pleurer tout en continuant son récit... Ses parents entendent vaguement : —... Gena... Gena... c'est horrible ! — Quoi «Gena» ? Qu'est-ce qui est horrible ? Moïra a du mal à reprendre son souffle. Dans un dernier sanglot, elle dit : — Mais, dans mon rêve, ces hommes me disaient que j'étais Gena (à suivre...)