Résumé de la 2e partie n L'infirmière avoue à Marguerite que la chambre est hantée. Ce qui met la réputation de l'hôpital en cause… De temps en temps, la porte s'ouvre et il s'en échappe une lueur aveuglante qui empêche de voir ce qu'il y a de l'autre côté. A chaque ouverture, quelqu'un de la file pénètre à l'intérieur et la file avance d'un cran. Derrière moi il y a un monsieur assez âgé, barbu. Certainement un Indien ou un Pakistanais. Il marche avec une canne. Devant moi, il y a une petite fille blonde. Je suis étonnée car elle n'a pas plus de sept ou huit ans et personne ne semble l'accompagner. Bientôt, elle est devant la porte. Elle se retourne vers moi et elle me dit : «Après moi, c'est à vous...» Je constate avec effroi que la pauvre gamine a le visage à moitié dévoré par une tumeur horrible. Une sorte de cancer. Mais elle sourit quand même...» La surveillante en chef sort un mouchoir de sa poche. Elle semble très émue par le récit du rêve de la malade précédente. Marguerite Villon demande : — Cette petite fille, elle était hospitalisée dans le service ? La surveillante dit avec un sanglot : — Oui ! Elle était dans le même couloir que vous : la chambre 313. En principe, notre formation nous permet de ne pas nous attacher aux malades. Mais cette pauvre Chloé faisait preuve d'une telle patience. Elle avait un courage admirable... Marguerite Villon dit : — Et la suite du rêve. S'il y a une suite... — Oui, la malade a donc rêvé que la petite Chloé lui disait : «Après moi, c'est vous.» Elle en était toute bouleversée et nous avons dû lui administrer un calmant. Eh bien, vous le croirez si vous le voulez, quinze minutes plus tard, elle était morte. Nous avons fait intervenir tout le service avec les grands moyens. Impossible de la réanimer... Avouez que c'est quand même bizarre. Mais, le plus extraordinaire, c'est qu'en quittant sa chambre nous avons vu que la pauvre petite Chloé, elle aussi, venait de mourir, cinq minutes à peine avant la malade qui avait rêvé d'elle. Ainsi, comme dans le rêve, elles s'étaient suivies de près pour franchir... qui sait : la porte du paradis, peut-être ? Marguerite ne reste que huit jours à l'hôpital. Quand des amis dévoués viennent la chercher pour la ramener chez elle encore toute flageolante, elle leur avoue : — J'ai été merveilleusement soignée, mais si j'ai un autre problème, je ne sais pas si je revendrai ici. J'ai vu Cécile Dumont, et puis il y a eu la mort de la petite Chloé, juste avant celle de l'autre malade qui avait rêvé qu'elle était devant la porte du paradis. Marguerite continue son récit : — Pour être bizarre, c'est bizarre. Et le pire, c'est qu'un autre malade est décédé ce matin. Un vieux monsieur charmant, un ancien juge de La Réunion. Il avait une barbe, m'a-t-on dit, et marchait avec une jolie canne. Marguerite reste un moment silencieuse puis ajoute en regardant défiler les rues de la ville : — Vous comprenez pourquoi je regarde le Centre hospitalier, le CHU, d'un œil nouveau. Est-ce que le CHU signifie «Centre hospitalier universitaire» ou bien est-ce que par hasard ça voudrait dire Centre de hantise universelle» ?