Résumé de la 5e partie n Fathi, lors d'un banquet du Roi, se vante d'avoir volé le trésor royal et l'oie. On le capture, mais cette fois encore, il parvient à s'échapper... Le Cheikh, sachant qu'il jouait sa tête, réfléchit longuement et dit : «Sire, le voleur a ramassé, grâce à son troupeau de chameaux, la seconde partie de votre trésor semée sur la route, mais il doit croire qu'il reste encore de l'or dans votre magasin. Je serais étonné qu'il ne revienne pas pour voir s'il n'y a plus rien à prendre. Vous n'avez pas fait refermer le trou du plafond. Il reprendra le même chemin. Je vous conseille de faire porter un grand chaudron de goudron qui sera placé au-dessous du trou du plafond. Sous ce chaudron vous ordonnerez qu'on fasse un feu discret qui tienne le goudron bouillonnant. Quand il viendra de nuit, comme la première fois, il ne verra pas le chaudron noir de goudron et il tombera dedans. Le Cheikh el-Moudabbar se montrait ainsi un fin psychologue car, de fait, Fathi songeait à compléter le sac du magasin au trésor. Les camarades, encouragés par ses derniers exploits, furent d'accord avec lui pour tenter l'opération. A la nuit, Fathi franchit donc le mur d'enceinte et lança la corde à ses compagnons comme à la première incursion. Puis il monta le premier sous le toit de la maison au trésor. Mais là, il sentit une odeur suspecte. Il redescendit et ordonna de se replier. Les trois autres s'y refusèrent. Ils se croyaient aussi habiles que lui. L'un d'eux monta donc et se laissa choir dans le bac à goudron bouillant. Il fut brûlé vif sur-le-champ et ne put donner aux deux autres le signal convenu avec la corde pour qu'ils le rejoignent. Ces derniers comprirent qu'il était pris et rejoignirent Fathi dans sa retraite. Le lendemain, les gardes découvrirent le corps recroquevillé et calciné du camarade. On demanda des instructions au Roi. Celui-ci qui pensait bien que ce garçon n'avait pas opéré seul et désirait plus que jamais se saisir de la bande de voleurs, alla voir le Cheikh el-Moudabbar qui lui dit : «Les compagnons des brigands n'abandonnent jamais le corps de l'un des leurs. Votre Majesté n'a qu'à faire porter ce cadavre dehors. Ses camarades viendront le chercher et les gardes n'auront qu'à les arrêter.» On opéra ainsi. La rumeur publique informa Fathi qu'un cadavre noir et recroquevillé gisait sur le côté de la route bordant le palais royal. Les deux compagnons comprirent que c'était celui de leur ami. Fathi leur dit : «Je vous avais bien prévenus de ne pas y aller. Mais maintenant, il va falloir ramener le corps de notre ami.» Les deux autres étaient craintifs et timides devant pareille opération. Alors Fathi alla tout seul chercher son fidèle cheval et son costume chamarré d'or. Il se revêtit d'un burnous immense retombant en majesté sur les flancs de son coursier et ne prit comme arme que le crochet et la corde de son père. Puis, il lança son cheval au galop sur la route qui longe le palais du Roi. Les gardes émerveillés contemplaient le galop du cavalier somptueux qui s'avançait, le buste pris dans une tunique d'or broché rutilante au soleil tandis que son manteau déployait au vent une immense paire d'ailes. Au passage devant le paquet noir du camarade gisant, Fathi lança sur lui son crochet, le ramena à sa hauteur, le saisit et laissa retomber sur lui le pan de son burnous. Les trois compagnons, le cœur en deuil, l'enterrèrent avec respect. Puis ils revinrent chez la mère de Fathi qui leur donna son avis décisif : «Mes enfants, vous possédez actuellement de l'or pour quatre générations. Il est temps, pour vous, de quitter ce pays et d'aller vivre ailleurs avec sagesse.»