Débat n La deuxième édition du festival international de musique arabo-andalouse et des musiques anciennes est une bonne opportunité pour une réflexion entre professionnels. Trois séminaires ont eu lieu (mardi, mercredi et jeudi), en marge du festival, traitant de la problématique relative à la musique arabo-andalouse. Lors de son intervention, le professeur Gouja a abordé les musiques maghrébines et les problèmes qu'elles rencontrent à l'ère des influences culturelles. Ils voient en ce répertoire musical plusieurs genres, à savoir la musique dite «classique», «populaire», «rituelle», ou encore «religieuse». «De nos jours, les musiques maghrébines paraissent méconnues, non fonctionnelles, voire insignifiantes, à la suite de plusieurs manipulations d'ordre social, commercial, artistique et esthétique», a-t-il relevé, expliquant : «Les instruments de musique traditionnels paraissent de plus en plus «primitifs» et incapables de satisfaire les besoins qu'exigent les nouveaux courants musicaux imposés d'une manière ou d'une autre soit par l'Occident soit par les musiciens maghrébins eux-mêmes qui voient dans l'utilisation – généralement non étudiée – des instruments de musique occidentaux la vraie ouverture sur le monde actuel.» Le conférencier a, ensuite, constaté : «Un patrimoine musical ancestral très riche et varié est en train de se désintégrer et de s'altérer par manque de pratique, de maîtrise et de fonctionnalité.» D'où la nécessité de le redéfinir pour mieux le sauvegarder. Pour ce faire, il préconise une démarche visant à le réactualiser en le réintégrant dans «les nouveaux cadres de la production musicale et par rapport aux exigences artistiques et esthétiques actuelles» – c'est-à-dire répondre aux attentes du public – et, du coup, à le rendre fonctionnel. De son côté, Ahmed Aydoun, musicologue marocain, s'est interrogé : «Peut-on qualifier de «classique» la musique maghrébine dite andalouse ?» Et de poursuivre : «Pour apporter une réponse convaincante, il nous faut remonter à l'usage que l'Europe a fait de cette notion de classicisme. En effet, la culture occidentale a diffusé des normes basées sur la rationalité et l'apologie de la forme. Il s'en est suivi un traitement exclusif à la période allant à peu près de 1750 à 1820 encadrée par le baroque et le romantisme, et par extension à toute la musique savante de tradition écrite qui en Occident va de la Renaissance à nos jours. Plus tard, on commence à récupérer le terme pour désigner toute musique hautement codifiée et comportant une architecture aux contours immuables.» Ainsi, il est possible de désigner la musique arabo-andalouse par le qualificatif de «classique», puisqu'il s'agit d'une musique savante, rationnelle, canonisée. Il a également relevé que l'expérience occidentale peut aider à la préservation de ce patrimoine musical. Enfin, et pour finir, Hamdan Hadjadji, universitaire algérien, a évoqué, dans son intervention, le poète Ibn Al Labbâna Abû Bakr ad Dânî, né à Dénia (Andalousie) à une date indéterminée, entre 430 h.1039 c. et 440-1049. «Son diwan, considéré perdu, nous avons tenté de le reconstituer en regroupant toutes les citations éparpillées dans toutes les sources que nous avons pu consultées», a-t-il dit.