Problématique n Rien ne va plus dans le football algérien où le métier d'entraîneur n'a plus de valeur et n'obéit à aucun minimum de règles professionnelles, scientifiques et morales de son exercice. En l'espace de 13 journées de championnat en Nationale I, quatorze clubs sur les seize ont connu 38 changements ! Un véritable massacre. Pourtant, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), sous la conduite de Yahia Guidoum, avait, en septembre 2006, promulgué un décret fixant la durée du contrat de l'entraîneur à deux années au minimum avec l'obligation faite aux clubs de ne pouvoir disposer que de deux changements de techniciens par saison. Naïvement ou maladroitement, Guidoum a eu tout de même la présence d'esprit de s'attarder sur la situation des entraîneurs de football en Algérie et pris ses responsabilités pour tenter de limiter les dégâts dans une fonction en déperdition et dont les répercussions sur le niveau de la pratique du sport roi s'est fait sentir de façon significative durant les deux dernières décennies. Le décret Guidoum, qui aurait mérité avant sa promulgation une meilleure consultation et une réflexion plus profonde pour recevoir l'adhésion de tous, malgré la réticence d'un milieu hostile à toute réglementation à ce niveau, est, malheureusement, restée lettre morte. Ni la Fédération algérienne de football (FAF), censée être la garante de la bonne santé de la discipline, ni les clubs n'ont réagi pour prendre à bras le corps ce dossier épineux afin d'en endiguer le massacre. Ce qui laisse place à une instabilité chronique de plus en plus dangereuse pour notre football qui n'arrive plus à produire de grands joueurs, ni dans les jeunes catégories et encore moins en seniors. Ainsi, rien qu'en Nationale I, soit l'élite de notre sport roi, un triste record a été battu : quatorze clubs sur seize ont changé au moins une fois d'entraîneur depuis le début de la saison, pour ne pas dire avant même le démarrage de la compétition pour certains clubs, à l'image du CR Belouizdad qui a vu défiler deux techniciens (Abdelkrim Bira et Azzedine Aït Djoudi) avant d'opter pour Mohamed Henkouche. C'est une véritable avalanche qui ferait rougir le Guinness des records, avec une palme spéciale pour l'USM Annaba et son président fantasque Aïssa Menadi qui a déjà consommé trois entraîneurs en 13 journées, en attendant le prochain qui serait François Buigues. Une marge d'erreur illimitée que s'accorde apparemment le nouveau «Abramovitch» du football algérien auquel aucun entraîneur ne résiste puisque tous, connaissant la chanson, passent prendre leur part du gâteau. Pour avoir dépensé des milliards en recrutement et promis des titres dès son accession en Nationale I, le président de l'USMAn n'a cure de toute construction d'une équipe performante à moyen ou long terme, l'essentiel est de gagner tous les matchs même s'il faut recruter un «coach-gagnant» par rencontre ! Ce n'est qu'un exemple puisque d'autres clubs sont sur la même longueur, y compris ceux qui nous ont valu une gestion plus exemplaire par le passé.