Au milieu de la grande salle où le roi était assis, on avait placé un perchoir d?or, sur lequel devait se tenir Rossignol. Toute la cour était là, et la petite fille, qui venait de se faire nommer cuisinière de la cour, avait obtenu la première de se tenir derrière la porte. Tous avaient revêtu leurs plus beaux atours et regardaient le petit oiseau gris, auquel le roi fit un signe. Le Rossignol chanta si bien que le roi en eut les larmes aux yeux. Les larmes lui coulèrent sur les joues et le Rossignol chanta mieux encore, cela allait droit au c?ur. Le roi fut ébloui et déclara que Rossignol devrait porter au cou une pantoufle d?or. Le Rossignol l?en remercia, mais répondit qu?il avait déjà été récompensé : «J?ai vu les larmes dans les yeux du roi et c?est pour moi le plus grand des trésors ! Oui ! J?ai été largement récompensé !» Là-dessus, il recommença à chanter de sa voix douce et magnifique. «C?est la plus adorable voix que nous connaissons!», dirent les dames tout autour. Puis, se prenant pour des rossignols, elles se mirent de l?eau dans la bouche de manière à pouvoir chanter lorsqu?elles parlaient à quelqu?un. Les serviteurs et les femmes de chambres montrèrent, eux aussi, qu?ils étaient joyeux et cela voulait beaucoup dire, car ils étaient les plus difficiles à réjouir. Oui, vraiment, Rossignol apportait beaucoup de bonheur. A partir de là, Rossignol dut rester à la cour, dans sa propre cage, avec, comme seule liberté, la permission de sortir et de se promener deux fois le jour et une fois la nuit. On lui assigna douze serviteurs qui le retenaient à l?aide de rubans de soie attachés à ses pattes. Il n?y avait absolument aucun plaisir à retirer de telles excursions. Un jour, le roi reçut une caisse, sur laquelle était inscrit : «Le Rossignol». «Voilà sans doute une nouveau livre sur notre fameux oiseau», dit le roi. Ce n?était pas un livre, mais plutôt une ?uvre d?art placée dans une petite boîte : un rossignol mécanique qui imitait le vrai, mais tout serti de diamants, de rubis et de saphirs. Aussitôt qu?on le remontait, il entonnait l?un des airs que le vrai Rossignol chantait, agitant la queue et brillant de mille reflets d?or et d?argent. (à suivre...)