L'Italie veut alerter les pays européens sur le poids de l'argent mafieux dans leur économie, selon le président de la commission parlementaire antimafia Francisco Forgione, commentant un an d'auditions sur la criminalité organisée dans la Péninsule. «L'argent sale tiré des activités criminelles, est investi dans les activités légales à travers toute l'Union européenne», souligne Francisco Forgione. Berlin et Rome ont conclu, mercredi, un accord de coopération destiné à renforcer la surveillance de la criminalité organisée italienne en Allemagne. Cet accord a été signé quatre mois après l'assassinat de six membres présumés de la mafia calabraise, la Ndrangheta, aujourd'hui considérée comme la plus puissante des mafias italiennes, le 15 août à Duisbourg (ouest de l'Allemagne). «Ces hommes n'étaient pas là pour gérer des pizzerias, mais pour investir en grand dans l'économie allemande et aussi dans Gazprom, le mastodonte énergétique russe», avertit Francisco Forgione. Les organisations criminelles italiennes – Ndrangheta, mafia sicilienne et camorra napolitaine – sont devenues, selon lui, «de véritables holdings économico-financiers qui savent tirer profit de la mondialisation». Leur chiffre d'affaires, récemment estimé à 90 milliards d'euros, se monte plutôt, selon lui, «à 100 ou 150 milliards d'euros». Travaux publics, tourisme, immobilier, centres commerciaux, investissements boursiers sont devenus les terrains d'investissement privilégiés, sur la Côte d'Azur comme à Milan, Palerme ou les Canaries.