Pour rééquilibrer la branche automobile, déficitaire à hauteur de 70%, les compagnies d'assurances vont augmenter les tarifs de la responsabilité civile auto. L'objectif, au terme de deux années, étant de redresser la barre à hauteur de 20%. La «contagion» des augmentations touchera, à partir de janvier, l'assurance auto ! Les compagnies d'assurances, confrontées à des marges bénéficiaires «jugées bas», et sujettes à un déficit de l'ordre de 70%, tenteront de faire redresser la barre en jouant sur le tarif de la Responsabilité civile auto (RC auto), qui, comme d'autres produits, est appelé à être laissé au libre arbitrage de la concurrence. «Un programme d'augmentations de 5% par semestre est annoncé pour pouvoir, au terme de deux années, redresser de 20% le tarif de la Responsabilité civile automobile, mais cela restera très insuffisant pour couvrir l'ensemble des frais engagés pour l'équilibre de la branche automobile», a fait savoir Abdelmadjid Messaoudi, secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA), intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III. Comme explication, il fera savoir qu'«avec l'augmentation des indemnisations, le renchérissement de tous les éléments qui interviennent dans l'opération de l'indemnisation, les bénéfices nets des compagnies d'assurances sur fonds propre tournent autour de 2 ou 3% seulement». Mais à l'opposé, des améliorations sont au menu. M. Messaoudi évoque, dans ce cas précis, «la réduction des délais d'indemnisation alors qu'auparavant l'opération prenait beaucoup de temps particulièrement lorsqu'il s'agissait de dommage corporel dans les accidents de la route vu qu'il fallait nécessairement passer par les tribunaux». A propos du bonus malus qui est un dispositif de rééquilibrage de tarifs entre les auteurs d'accidents et de sinistres et ceux qui n'en causent pas, le cadre du CNA reconnaît quelques difficultés dans sa mise en œuvre. «Récemment, les compagnies se sont entendues sur la mise place d'un dispositif informatique, une sorte de fichier central, mais cela n'a pas été fait», a-t-il admis. La commission de supervision des assurances installée hier, est assimilée, par ce spécialiste à «un outil de régulation et de contrôle des activités du marché des assurances». Par contrôle et régulation, il entend par «procédés de vérification sur la solvabilité des compagnies du moment que le métier des compagnies est de couvrir les risques de leurs clientèles et la couverture est d'ordre financier». Si après vérification, les compagnies s'avèrent ne pas être solvables, «elles sont logiquement interpellées pour redresser leur situation et se mettre aux normes de solvabilité», a précisé M. Messaoudi, pour qui, rendre le marché des assurances plus attractif n'est guère une chimère : «C'est un marché qui potentiellement peut être multiplié par cinq. Il faut simplement développer de nouveaux produits, comme l'immense secteur de la PME qui est très peu assuré, l'épargne des ménages, des produits de capitalisation ou des produits de retraites, l'immensité des investissements et des chantiers qui seront ouverts et qui gagneraient à être couverts. Tout cela promet un marché prometteur à la portée de compagnies qui développent de l'ingéniosité et qui ramènent du savoir-faire et du professionnalisme», assure-t-il.