Résumé de la 2e partie La disparition de la famille Spruck a été signalée par le grand-père et le triple assassinat soupçonné. «La chasse à l?homme prend de l?ampleur. Le 14 juillet, Meyer est signalé à l?île d?Elbe. Le 23 à Solenzara, le 9 août en Sardaigne. Puis, pendant quatre semaines, l?homme et le bateau disparaissent. Plus aucune trace. Le 3 septembre à minuit vingt, il vient d?attaquer les Spruck et dort, en ronflant, sur sa couchette. Que va-t-il faire ? Le bateau volé a échoué, il en a trouvé un autre, avec des papiers et de l?argent. Alors, va-t-il tuer une nouvelle fois ? Dans l?horrible logique qui est la sienne, il semble bien que oui, s?il se sent menacé. Le matin du 4 septembre 1980 se lève sur le petit port de Minorque. Le «Sylvia II» paraît tranquille. Sur les quais, quelques promeneurs, des pêcheurs et un enfant qui joue. Personne ne se doute qu?un assassin se réveille à bord du petit yacht. Il veut déjeuner et se sert tranquillement. Aussi brutal qu?il était la veille, le voilà aimable et poli avec ses otages : «Bon. Je vous ai raconté mes histoires de meurtres, mais c?était pour vous intimider, tout ça ne vous regarde pas, hein ? D?ailleurs, je suis incapable de faire du mal à une mouche, c?est vrai? Vous voulez du café ? Je vais rester quelques jours avec vous, quatre ou cinq, je ne sais pas, on verra bien. En attendant, on va lever l?ancre, et je vous détacherai après, d?accord ? Vous comprenez, j?ai besoin du bateau pour aller à Gibraltar, et puis après aux Caraïbes. Alors, on va d?abord aller faire des provisions à Majorque.» Et le «Sylvia II» lève l?ancre. C?est Meyer qui fait la man?uvre. Au large, comme promis, il libère ses otages. Le revolver toujours coincé dans la ceinture de son pantalon suffit à prévenir toute tentative d?attaque ou d?évasion. D?ailleurs, Harald ne se sent pas de force à lutter contre lui. Avec une seule jambe, il est limité. Sylvia, elle, préfère rester sur le pont, le plus loin possible de Meyer. Cet homme lui fait une peur épouvantable. Pire, elle éprouve de la répulsion, et chuchote à son mari : «C?est un sadique, j?en suis sûre. Je t?en prie, ne le laisse pas m?approcher. S?il tente quoi que ce soit, jetons-nous à la mer !» Dès leur arrivée à Porto Cristo, le port de Majorque, Rolf le tatoué décide : «Vous le mari, vous allez faire les courses. Je garde Madame en otage, alors pas de bêtise. N?essayez pas de prévenir la police. Si je vois la moindre chose suspecte autour du bateau, pan, pan !» La mort dans l?âme, le malheureux Harald descend à terre muni d?une liste de provisions, tandis que Rolf s?enferme dans la cabine avec la femme. Sylvia est blanche de peur. Il y a cinq jours qu?elle a peur. Rolf, lui, paraît tranquille. Il se sert à manger et lui raconte sa vie. «Vous savez, j?ai fait de la prison, longtemps. La première fois qu?on m?a arrêté, j?avais dix-sept ans, je conduisais sans permis, ça c?était rien. Mais après, j?ai fait des choses. En 1970, on m?a mis en prison et vous savez pourquoi ? Viol ! Mais j?étais pas tout seul, et ils m?ont collé treize ans ! pour des bricoles, finalement, j?ai violé personne, moi?» Ce qu?il ne dit pas, c?est qu?il a réellement participé à des attaques et violé une douzaine de femmes, seul ou avec des complices. Ce qu?il ne dit pas non plus, c?est que le psychiatre l?a catalogué comme sadique et obsédé au dernier degré. Il a une autre idée de lui-même : «En prison, ça allait, remarquez. J?ai bouquiné plein de livres sur la mer et les bateaux. J?adore ça. C?est ma passion, moi, les bateaux. j?ai suivi des cours en prison, j?ai appris la voile?» Cette passion, véritable d?ailleurs, semble le calmer momentanément. A tel point que sa conduite en prison est jugée exemplaire. Il a la permission de commander des journaux, des livres, de prendre des cours, et, en 1979, il est libéré. Il n?a fait que huit ans sur les treize. En partant, il dit à ses camarades : «Quand j?aurai mon bateau, je vous enverrai des cartes postales des Caraïbes !» (à suivre...)