Dans les affaires, Cosa Nostra a toujours pu compter sur la peur. Plus maintenant. Depuis quelques mois, une rébellion contre le «pizzo» (racket) ne cesse de croître dans les rangs des entrepreneurs siciliens qui unissent leurs forces, avec le relais d'Internet. Depuis ses débuts, la mafia sicilienne n'a cessé de rebondir après des échecs, mais cette fois-ci, elle est confrontée à un phénomène totalement nouveau : un site web baptisé «Addiopizzo» (adieu pizzo) où des entrepreneurs de Palerme disent non à la pratique d'extorsion de fonds de la Cosa Nostra. Une résistance – en cours dans d'autres villes – que viennent renforcer les arrestations de parrains en fuite et la récente découverte par les policiers de livres méticuleusement tenus par la Mafia dans lesquels sont consignés les noms de ceux qui se sont soumis au «pizzo» et les sommes versées par chacun. Les entrepreneurs défiant ouvertement Cosa Nostra sur le site «Addiopizzo» sont près de 230, un nombre encore faible comparé aux milliers d'entreprises et commerces de Palerme, mais ce mouvement permet de desserrer l'étau psychologique de «l'honorable société» sur les Siciliens, conditionnés depuis longtemps à croire que toute défiance apporterait la ruine ou la mort.