«Produit sensible», le pain ne doit pas faire les frais d'une quelconque «agitation», met en garde le ministère du Commerce. Le prix en vigueur depuis 1996 restera le même, quoi qu'il advienne. Les pouvoirs publics viennent ainsi mettre un terme aux rumeurs et spéculations sur une augmentation du prix de la farine et donc de la baguette. Les boulangers menacent, encore une fois, de débrayer et revendiquent une augmentation du prix de la baguette de pain malgré la décision des pouvoirs publics de subventionner le prix de la semoule. Réponse immédiate : il n'y aura pas d'augmentation et l'agitation qui entoure ce produit sensible n'a pas lieu d'être. «Je le souligne, je le soutiens et je le confirme : le prix du pain ne subira aucune augmentation et les prix fixés en 1996 demeurent en vigueur», a martelé, Ouali Yahiaoui, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, qui intervenait ce matin sur les ondes de la Chaîne III. «Je rappelle qu'il n'a jamais été question avec les représentants de la profession du Comité national des boulangers affilié à l'Ugcaa, d'une quelconque augmentation des prix», précisera-t-il, faisant, ainsi, allusion à la rencontre qui a eu lieu hier au ministère du Commerce avec ces mêmes représentants. Une rencontre qui, selon lui, entre tout simplement dans le cadre des programmes de travail menés de pair avec l'Ugcca et à travers lesquels, la priorité à été donnée à l'activité de la panification et à l'examen des contraintes et des dysfonctionnements qui l'entourent, loin de toute agitation. Par agitation, M. Yahiaoui a voulu parler d'une guerre de leadership non encore résolue au sein même de l'Union des commerçants. «L'agitation existe au sein de l'union et là, ce n'est pas le problème du ministère du Commerce, parce qu'il faut admettre qu'il existe aujourd'hui deux courants au niveau de l'Ugcca qui reste au demeurant un partenaire privilégié des pouvoirs publics pour examiner toutes les questions liées à l'activité commerciale.» Au sujet des compensations, le représentant de la tutelle affirme que l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens : 23 milliards de dinars pour le lait, 55 milliards de dinars pour la farine et 80 milliards de dinars pour la semoule. Soit un montant global de l'ordre de 170 milliards de dinars. Le problème reste plutôt, à ses yeux, cette «inflation importée». Pour preuve, M. Yahiaoui rappelle que «l'essentiel des produits de large consommation, compte tenu de nos préférences sociales et nos traditions culinaires, est importé». «L'importation concerne 75% des céréales, l'huile à raison de 400 000 tonnes /an, le sucre à hauteur de un million de tonnes, le café dans sa totalité, les légumes secs avec plus de 200 000 tonnes annuellement», a-t-il énuméré, tout en précisant, dans la foulée, que «les pouvoirs publics ne sont pas restés en spectateurs pour voir les choses se dérouler». «Nous avons présenté un dossier technique à l'attention du gouvernement pour proposer des mesures appropriées. Il s'agit soit de la compensation en amont, soit la compensation en aval, soit l'exonération des droits et taxes et nous avons proposé la mise en place d'un Fonds de stabilisation des prix de manière à prendre des mesures en temps réel lorsqu'il y a des emballements des prix sur un marché intérieur toujours tributaire des fluctuations des prix sur les marchés mondiaux.» Un chiffre pour conclure : «En 2007, la facture alimentaire a dépassé 4,5 milliards de dollars contre moins de 3 milliards de dollars en 2006, ce qui explique l'impact de l'inflation importée», conclut M. Yahiaoui.