Annoncée tout récemment par le ministre du Commerce, la réactivation des offices d'importation des produits de première nécessité soulève moult interrogations sur fond de flambée des prix, de spéculation. Faute de réelle régulation, d'un sérieux suivi du cheminement des produits, alimentaires notamment, de la production à la consommation, toute latitude est laissée aux commerçants pour des pratiques tarifaires injustifiées et tromperie sur la qualité. De là à penser que le pouvoir d'achat des citoyens est continuellement mis à mal et sans que n'apparaisse une quelconque amélioration, il n'y a qu'un pas… Pour exemple, de remarquer que, d'un point de vue relatif, l'abondance des produits agricoles, en une période déterminée, n'influe pas tellement sur la trésorerie des ménages, d'une façon générale ; jusqu'à ces importations censées casser les prix et satisfaire la demande, alors que produits frais ou congelés laissent bien des consommateurs sur leur faim. Plus loin que cette considération d'ordre général voulant qu'il y a, en matière de commerce, la prédominance de la loi de l'offre et de la demande avec ce qu'elle a d'incidences sur les prix, demeurent toutes ces autres obligations pour le commerçant de respecter le taux des marges bénéficiaires à partir de factures dûment établies ; la garantie quant à la qualité des produits ; les conditions d'hygiène, de stockage et de présentation ; autant de dispositions devant être respectées et régissant le commerce alimentaire, particulièrement à tous les niveaux : gros, demi-gros, détail… De savoir et bien remarquer que tous ces aspects organisationnels, outre la pratique des prix, relèvent de textes administratifs très clairs et prévoyant des mesures pénalisantes lorsque non respectées ; mesures allant jusqu'à la fermeture du commerce, durant une période plus ou moins longue avec affichage, sur la devanture du lieu de commerce, des raisons ayant entraîné ladite fermeture. À ce propos, les citoyens d'un certain âge vous diront qu'il y a plus de trente ans que l'on n'a pas vu une campagne soutenue contre les fraudes sur les prix et la qualité et le non-respect des règles d'hygiène ; de même en ce qui concerne la fermeture des commerces contrevenant aux règles établies… Il est vrai qu'en termes d'hygiène, les APC seraient à pénaliser fortement et en premier pour le mauvais entretien de leurs marchés respectifs ! Tout cela pour dire que de ces déclarations se voulant rassurantes, en périodes données, quant à une bonne disponibilité des produits destinés à l'alimentation, les citoyens n'en retiennent que le caractère politique du moment, restant seuls juges quant à l'appréciation de cette même disponibilité et des prix en découlant. Et ce n'est pas tant d'entendre des responsables des différents secteurs affirmer respectivement qu'il y a abondance de productions et qu'un sévère contrôle des prix sera opéré que les consommateurs s'en viendront à constater réellement qu'il y a amélioration de leur pouvoir d'achat ; pas plus qu'ils ne s'en viennent à enregistrer une baisse sensible des prix du fait d'importations libérées et censées entraîner, à la fois, un équilibre du marché et un redressement du pouvoir d'achat d'une façon générale. Partant du fait que le marché national est entièrement faussé à quelque échelle commerciale que ce soit, d'admettre la nécessité urgente d'y remettre bon ordre en alliant, pour ce faire, les producteurs de l'agriculture et de l'industrie, les Chambres d'agriculture et de commerce, ainsi que les opérateurs du commerce de gros et demi-gros dont il s'agirait, à cette occasion, de favoriser la représentativité sur fond de sensibilisation et d'organisation. Car, il ne s'agit pas tant de mettre en accusation les petits vendeurs des marchés parallèles et les spéculateurs de tout niveau pour éluder le fait que cette finalité de toute action de production, qu'est une commercialisation transparente et contrôlée, n'est pas du tout maîtrisée par les services publics concernés. Pour l'instant, et encore, les prix à la consommation demeurent le paramètre essentiel à partir duquel se forge l'opinion publique quant aux objectifs assignés à des secteurs précis et résultats devant en découler en termes de disponibilité et de pouvoir d'achat. Larbi R. Abahri