Telle une mariée que l'on offre à un dieu, l'Afrique du football s'est parée de ses plus beaux atours pour plaire et séduire toute la Planète qui n'avait d'yeux que pour elle à l'occasion du coup d'envoi de l'un des événements majeurs de cette année du ballon rond, la Coupe d'Afrique des nations (CAN) qu'abrite seul le Ghana, quadruple champion du continent et pays des Black Stars. L'Afrique a oublié ses drames et ses guerres, ses habitants qui vivent avec moins d'un dollar du PIB ; le Kenya, tiens, ce pays pourtant stable et démocratiquement fréquentable qui plonge dans les méandres de l'épuration ethnique et de lendemains incertains, est vite oublié pour laisser place à l'événement qui s'est attiré les caméras du monde entier et une flopée de personnalités VIP, des journalistes et des chasseurs de tête à l'occasion de ce show inaugural hier à Accra. Un show dans la pure tradition africaine qui a tenu toutes ses promesses avant de laisser la place aux footballeurs du pays organisateur et à leurs invités guinéens de s'adonner une partie relevée de ce qui se fait de bien sur le continent. A un moment donné, on a oublié d'être au Ohen-Djan stadium de la capitale ghanéenne et ses tribunes presque à l'anglaise occupées par 44 000 spectateurs enthousiastes et sa bonne pelouse qui fait jalouser tout algérien frustré de voir les autres jouer à la télé, tellement les noms et le niveau de jeu de ses vingt-deux artistes faisaient penser à une soirée de Ligue des champions européenne. Pour une fois, un match d'ouverture n'a pas été insipide et crispé puisque les deux formations nous ont conviés à une partition de haute intensité aux envolées techniques purement africaines. Coachés par deux techniciens français (au nombre de sept sur les douze entraîneurs étrangers présents dans ce tournoi), dont on devine les soupçons tactiques sur le rectangle vert, les hommes de Claude Leroy et de Robert Nouzaret ont joué sans trop de calculs, rentrant très vite dans le vif du sujet et tranchant avec les clichés habituels des matchs d'ouverture. La victoire ghanéenne a été finalement acquise dans un contexte de suspense, de passion et de chaleur qui boostera certainement de plus belle l'ambiance de ce grand rendez-vous des meilleures nations africaines de football. Le président de la FIFA Joseph Sepp Batter, accompagné de celui de l'UEFA Michel Platini, est satisfait des installations qu'offre le Ghana pour cette 26e édition de la CAN et de ce match d'ouverture qui devrait augurer d'autres belles et épiques empoignades qui vont charmer le monde du football et faire oublier à l'Afrique ses souffrances, sa misère et ses rêves brisés. L'opium des peuples aura, encore une fois, sévi.