Résumé de la 2e partie n S'étant aperçu du vol de ses économies, l'aveugle, toujours suivi par Mourad, imagine une ruse pour voler un autre mendiant aveugle... L'infirme, en un tour de main, ôta sa djellaba et, avant que le premier aveugle ait eu le temps d'intervenir, Mourad s'emparait du vêtement et de la fortune du deuxième aveugle. Devant les cris et les vociférations des deux infirmes, un troisième compère surgit et entendit leur histoire : «Vous êtes fous ! s'écria-t-il. Mettre de l'argent dans une djellaba c'est s'exposer à toutes les agressions. Moi, je suis tranquille ; je mets mon argent dans une tombe ! Tous les soirs, je vais au cimetière. Après avoir prélevé ce qui m'est nécessaire pour le lendemain, je soulève une pierre qui dégage un trou par lequel je glisse mon argent, pièce par pièce. J'entends le clic-clac de mes pièces tombant au fond sur le tas de monnaie. Je referme le trou avec la pierre et vis en paix.» Mourad ainsi informé suivit au soir le troisième aveugle dans le cimetière. Celui-ci aborda une tombe marquée par un buisson, dégagea une pierre. Son trésor en tombant fit clic-clac. Et le troisième aveugle s'en fut. Mais Mourad resta sur place, creusa davantage, retira tout le magot et partit chez lui. Le lendemain soir, l'aveugle n'entendit plus comme réponse à la monnaie qu'il lança que le son mat de la terre. Alors, Mourad, suspendant son expérience, acheta avec les trois trésors réunis un beau terrain, construisit dessus une maison spacieuse où, tout le reste de sa vie, il recueillit les infirmes, y compris nos trois aveugles, les malades, les voyageurs, les malheureux rejetés par la société. Il leur souhaitait la bienvenue, les lavait, les habillait, les nourrissait et donnait à faire à chacun un menu travail correspondant à ses capacités, de façon à assurer la vie de sa petite communauté dans laquelle chacun put vivre ainsi en paix et louer Dieu en commun. Pour Mourad, ce fut sa joie de devenir ainsi le «serviteur des serviteurs de Dieu».