Reconversion n Des juridictions spécialisées et des policiers au fait de l'outil technologique iront désormais à la traque d'un crime organisé qui a changé de peau depuis longtemps. Passer au peigne fin les comptes bancaires douteux, éliminer les puces anonymes, décortiquer les sites électroniques, la traque de la grande criminalité passe désormais à un stade supérieur : celui de la lutte «intelligente». La justice, la police et les télécoms, pour ne citer que ces trois corps, affûtent leurs armes presque dans un même timing. Au moment où l'ARPT vient d'annoncer la confiscation prochaine de trois millions de puces anonymes, un premier jalon vient d'être posé avec l'acte de naissance des juridictions spécialisées établi par le département de Belaïz. Celles-ci, portant la dénomination de pôles juridiques à compétences étendues, auront comme tâches de s'attaquer aux multiples facettes du crime organisé, comme la cybercriminalité, le blanchiment d'argent, le grand banditisme et le terrorisme. Un éventail de crimes, en somme, que les juridictions dites «conventionnelles» ont du mal à élucider ou à traiter avec comme écueil, un recyclage de magistrats qui faisait défaut jusque-là. Aujourd'hui la donne a bien changé. «Nous avons formé des magistrats durant trois ans afin qu'ils puissent diriger ce genre de pôle», avait annoncé, en la circonstance, le garde des Sceaux. De l'avis de Tayeb Belaïz, «ces magistrats sont appelés à traiter des dossiers spéciaux liés au trafic de drogue, au crime transnational organisé, aux atteintes au système de traitement automatisé de données, au blanchiment d'argent, au terrorisme et aux infractions relatives à la législation des changes». Cette «mise à niveau» des tribunaux aura été nécessaire, selon le département de justice, après avoir constaté que le crime organisé prenait des proportions alarmantes et qu'au bout de chaque procès les accusés sur lesquels pesaient de lourds soupçons, usaient des jargons «bancaire, économique et technologique» pour se tirer d'affaire. La police algérienne a décidé, elle aussi, de faire sa mue pour pouvoir mener convenablement ses missions de lutte. Hier, en marge de sa visite effectuée à l'école de police de Soumaâ (Blida), Ali Tounsi, premier responsable de la DGSN, a rappelé que le renforcement des effectifs de la police sera accompagné d'«un enrichissement des connaissances technologiques». Les 337 éléments spécialisés dans l'informatique et l'électronique, honorés hier à Soumaâ, constituent sans nul doute, le premier noyau de cette reconversion forcée. Ces éléments entameront, dès à présent, leur travail ardu qui consiste à pourchasser les criminels qui écument le Net et les autres procédés technologiques. Mais l'impératif de professionnaliser davantage les rangs de la police, nécessite du temps, mais surtout une vigilance accrue et à toute épreuve, car comme le redoute un haut officier de la police «le taux de la cybercriminalité est appelé à suivre une courbe ascendante au regard de l'avancée fulgurante dans le domaine des services». Pour étayer ses dires, ce dernier n'écarte guère l'idée que «la généralisation des cartes magnétiques inter-bancaires révèle un grand nombre d'irrégularités».