Résumé de la 69e partie n Alvirah a commencé son service de chef d'étage dans l'hôtel où son mari est retenu en otage… Alvirah réfléchit. Quarante était un chiffre acceptable. A son avis, il aurait fallu au moins deux hommes pour participer à l'enlèvement. Un pour conduire la voiture, l'autre pour maîtriser Willy. Il y en avait peut-être eu un troisième pour passer le premier coup de téléphone. ll lui faudrait surtout surveiller les commandes importantes. C'était déjà un début. Elle commença son service sans oublier l'injonction de Hank : se faire payer immédiatement. Les hamburgers étaient destinés au bar, occupé par une douzaine de gros bras que vous n'aimeriez pas rencontrer la nuit au coin d'une rue. Elle apporta la deuxième commande au concierge et au directeur de l'hôtel, qui présidaient aux opérations depuis une pièce étouffante située derrière la réception. Leurs sandwiches étaient offerts par la maison. Le plateau suivant, qui comportait des corn -flakes et un demi arrosé au whisky, était destiné à un type âgé, mal peigné et larmoyant. Alvirah était certaine que les corn-flakes servaient de prétexte. On l'envoya ensuite porter un plateau lourdement chargé à quatre individus qui jouaient aux cartes au dixième étage. Un autre groupe de joueurs au huitième étage commanda des pizzas. Au neuvième étage, elle fut accueillie sur le pas de la porte par un grand baraqué. «Tiens, vous êtes nouvelle. Donnez-moi le plateau. Et quand vous frapperez à la porte, ne tapez pas trop fort. Mon frère a la migraine.» Derrière lui, Alvirah distingua un homme étendu sur un lit, un linge sur les yeux. Le ruissellement continu qui parvenait de la salle de bains lui fit irrésistiblement penser à Willy. Il aurait réparé cette fuite en un clin d'œil. ll n'y avait visiblement personne d'autre dans la pièce, et le type à la porte semblait capable de liquider, à lui seul, le contenu du plateau. Enfermé dans son réduit, Willy entendit seulement le rythme rapide d'une voix qui aviva douloureusement son envie de se retrouver auprès d'Alvirah. Les commandes furent assez nombreuses pour l'occuper de six heures à dix heures du soir. Selon ses propres observations et d'après les explications de Hank, qui devenait de plus en plus loquace à mesure qu'il se rendait compte de son efficacité, Alvirah comprit vite la disposition des lieux. ll y avait onze étages. Les six premiers comportaient dix chambres et étaient louées à l'heure. Les chambres des étages supérieurs étaient plus grandes, avec salles d'eau, et elles étaient habituellement louées pour un jour ou davantage. En avalant un copieux hamburger qu'Alvirah lui avait elle-même préparé à dix heures, Hank lui raconta que tout le monde s'inscrivait sous un nom d'emprunt. Et payait comptant. «Comme ce type qui vient ici pour trier son courrier personnel. Il publie des magazines pornographiques. Un autre organise des parties de cartes. Un tas de mecs viennent ici avec leur maîtresse alors qu'ils sont censés être en voyage d'affaires. Ce genre de trucs. Rien de bien méchant. Une sorte de club privé» (à suivre...)