Représentation n La pièce, sur fond sociopolitique et philosophique, s'emploie, par le comique, à dire des vérités et à soulever des interrogations. Les prédateurs, une pièce écrite par Mourad Bourboune et mise en scène par Ahmed Benaïssa, a été présentée, hier mardi, au théâtre national. Elle sera également présentée aujourd'hui (19h) et demain (15h). Les événements de la pièce se déroulent dans un hammam, «lieu préposé à l'hygiène du corps et à la purification de l'âme», mais il s'avère que ce lieu se transforme, par le vice et le mal, en un lieu de corruption où s'accomplissent des transactions douteuses et malsaines : la crasse humaine s'accumule par strates. Autant de combines, de trafics, de concussions que de prévarications. La morale et la vertu sont écrasées par l'opportunisme et la cupidité. Le matérialisme l'emporte sur les valeurs et l'humanité. C'est la loi du plus fort. D'où le titre de la pièce. Celle-ci, qui se déroule dans un pays qui subit un sévère rationnement de l'eau, est régulièrement rythmé par le va-et-vient de ce précieux liquide, un va-et-vient incessant et exaspérant. La pièce revêt un caractère populaire. Dite alors dans un langage populaire – l'arabe dialectal –, elle suggère toutefois une lecture sociopolitique de l'Algérie. Elle se veut une critique Il se trouve que cette portée intellectuelle donne, parfois, l'impression qu'elle s'efface derrière l'humour et, par moments, derrière le comique. Il y a des scènes désopilantes. Mais c'est sans doute l'intention du texte qui impose la conduite à tenir : par le rire et la dérision, la pièce s'emploie habilement à véhiculer son message. S'agissant ensuite du jeu, il est simple, à forte charge scénique. Les comédiens ont su interpréter leur personnage sans se confondre dans des tournures creuses ou des comportements légers, ils ont su faire ressortir le caractère de leur personnage et exprimer pleinement leur psychologie. C'est un jeu subtil, équilibré et approprié. Mais si le jeu s'est révélé, de par sa dimension scénique intéressant, la scénographie, c'est-à-dire le décor, s'avère, quant à elle, exagérément imposante : la scène apparaît trop chargée. La scénographie est dense, le moindre espace est occupé, le décor devient encombré. Cela compromet manifestement la présence des comédiens sur scène : leur rôle devant investir toute la scène s'estompe d'emblée derrière le décor qui, lui, devient, peu à peu, le protagoniste clé de la pièce. Le regard, s'il n'y prend pas garde, n'a d'intérêt que pour le décor. Il s'y fourvoie. Il se fond au cadre scénique.