Résumé de la 3e partie n Ayant peur des représailles de l'ogresse pour avoir décimé une grande partie de son troupeau, les deux frères s'enfuient... L'ogresse fut surprise de ne pas les trouver en se réveillant. Elle sortit et découvrit le reste du troupeau. En colère, elle les chercha en vain et se mit à crier de rage en s'arrachant les cheveux et en se lardant le visage de ses ongles acérés. Les garçons, quant à eux, marchèrent, marchèrent... Ils remplirent un pays et vidèrent un pays, remplirent un pays et vidèrent un pays… Un jour, ils parvinrent dans un endroit où des gens organisaient une wa'da (fête religieuse) et préparaient un grand couscous. Le futé, bien caché, cria : — Ya Mohamed, ya ould ouma ! L'hem tab ou rassi ma tabèch (Ô Mohamed : fils de ma mère ! la viande est cuite mais ma tête n'est pas cuite.) Et il continua : — Ô fils de ma mère ! l'arbre s'est envolé avec ses racines ! Les gens qui ne les avaient pas vus, en entendant la voix, se dirent : — Oh mon Dieu ! C'est Dieu qui a parlé ! C'est la terre qui a parlé ! C'est la voix de Dieu qui a parlé par la terre ! Effrayés par ce qu'ils prirent pour un miracle, ils se sauvèrent en abandonnant tout le couscous. Les deux frères se régalèrent et reprirent leur route en emportant le reste de la viande. Une fois près d'une guelta, ils firent une halte pour étancher leur soif. Ils déposèrent les os qui restaient de la viande et continuèrent leur voyage. A mi-chemin, le bègue réalisa qu'il n'avait plus son os et se mit à crier : — Je veux mon os ! Je veux mon os ! Je retourne chercher mon os ! — Mais malheureux, on ne peut plus faire demi-tour ! On ne peut plus revenir sur nos pas. — Si ! Je veux mon os ! Je veux mon os ! — Mais j'ai de la viande et je vais t'en donner ! — Non ! non ! et non ! je veux mon os ! N'en pouvant plus, le futé laissa le sot et continua sa route tout seul. Le bègue fit demi-tour et trouva le lion au bord de l'eau. Doucement, il lui badigeonna la gueule de boue et lui obstrua les yeux. Ensuite, il le prit en laisse, et s'en alla. Il arriva dans un village où une jeune fille était assise devant sa porte. Sa grand-mère, à l'intérieur, écrasait le grain sous sa meule. En le voyant la fille cria en direction de sa grand-mère : — Ya Jeda ! Grand-mère ! Le lion arrive ! — Je suis en train de moudre le blé pour ma fille ! répondit la vieille qui était sourde. — Ya Jeda ! Grand-mère, je te dis que le lion arrive ! — Je suis en train de tamiser la semoule pour ma fille ! — Ya Jeda ! Grand-mère, je te dis que le lion arrive ! — Je suis en train de pétrir le pain pour ma fille ! — Ya Jeda ! Grand-mère, le lion arrive ! — Je suis en train de cuire le pain pour ma fille ! — Grand-mère, le lion est arrivé ! — Je suis en train de préparer le café pour ma fille ! Cela jusqu'au moment où le lion pénétra dans la maison. La vieille qui ne voyait pas clair non plus, s'enthousiasma : — Oh ! Mais c'est mon neveu, le fils de ma sœur qui est venu avec son cheval ! — Grand-mère, prends mon cheval s'il te plaît, dit le jeune homme qui perdit son bégaiement. Elle conduisit le lion pour le faire boire. En arrivant au bord de l'eau, elle dit : — Oh ! le cheval du fils de ma sœur est aveugle. Elle lui lava le visage et lui enleva peu à peu la boue qui obstruait ses yeux. Dès que l'animal recouvra la vue, il lui sauta dessus et la dévora. Le sot resta avec la jeune fille qu'il épousa. Elle a pris le feu, le feu, j'ai pris la route, la route ! Elle a mangé du Diss, j'ai mangé du Rfiss !