InfoSoir : Cette structure est, à l'origine, un centre de transition, pourtant certaines pensionnaires y résident depuis plus d'un an, un commentaire ? l Nabila Larbi : En effet, la période d'hébergement dans ce centre ne devrait pas dépasser les trois mois et au pire des cas six mois. Mais ces femmes sont en grande majorité des analphabètes, sans revenus et sans aucune qualification. Leur insertion professionnelle et leur accès à l'autonomie demandent beaucoup plus de temps qu'on ne peut l'imaginer. Elles ont besoin d'une prise en charge réelle. Nous leur proposons, dans ce cadre, des stages de formation, des cours de langue, ainsi que des travaux manuels. Parallèlement à ces ateliers et à nos démarches pour leur trouver du travail, nous les incitons à aller, elles aussi, de leur côté, chercher un poste d'emploi. Malheureusement, il arrive que toutes ces démarches restent vaines vu que certaines d'entre elles ont du mal à se concentrer sur l'avenir ou à construire de nouveaux projets. Leur séjour ici a permis, toutefois, à certaines de se reconstruire et à prendre un nouveau départ. D'où viennent-elles et dans quel état arrivent-elles chez vous ? l Elles viennent des quatre coins du pays, leur l'âge varie de 18 à 55 ans. A leur arrivée, elles sont désorientées, fragiles et accablées par des années de violence. Leur état de santé demande une prise en charge urgente sur le plan psychologique et médical avant d'être orientées vers l'assistante sociale pour les accompagner dans les démarches juridiques et administratives indispensables pour les victimes. Ce travail sollicite le concours fréquent des spécialistes et un effort capital pour qu'elles puissent surmonter leurs difficultés. Vos actions en direction des femmes venues avec leurs enfants ? l Cette catégorie demande des actions multiples, notamment pour la scolarisation de leurs enfants qui arrivent le plus souvent sans aucun papier administratif ce qui pose un réel problème pour leur inscription dans les écoles les plus proches. A noter que les garçons âgés de 12 ans et plus sont, quant à eux, transférés dans des centres spécialisés. Hormis le certificat médical délivré par le service de la médecine légale, la victime vient généralement sans aucun autre papier administratif. Parties dans la précipitation pour certaines, elles n'ont pas eu le réflexe d'emporter les papiers officiels. D'autres, cependant, ont été carrément privées de leur carte d'identité et livret de famille. La dernière catégorie concerne les femmes mariées avec la Fatiha qui, au moindre désaccord avec le conjoint, sont jetées à la rue sans aucune possibilité de faire valoir leurs droits. Quels sont les organismes ou institutions qui contribuent au financement de ce centre ? l Nous vivons grâce aux bienfaiteurs et parfois au ministère de la Solidarité et à la bienveillance de l'APC. Mais nous entreprenons constamment des démarches auprès de certaines entreprises pour assurer un repas équilibré aux pensionnaires.