Aléas n La violence familiale ainsi que les conditions économiques, sociales et politiques de notre pays sont à l'origine des souffrances de nombreux cas rencontrés au sein de cet établissement. En raison d'un niveau d'instruction limité, de compétences insuffisantes pour trouver un emploi sur le marché du travail, les femmes, hébergées par le Samu social, sont sans ressources, entièrement à la charge de ce centre financé par la wilaya d'Alger. Cet espace constitue un véritable refuge pour elles. Certaines ont fui la violence du mari, des beaux-parents, de la famille. D'autres, mariées religieusement seulement, par la «Fatiha», sans aucune pièce confirmant cette alliance conjugale et encore moins les années de vie commune, se sont retrouvées dans la rue avec un ou plusieurs enfants à charge. Leurs récits nous dévoilent des trajectoires familiales brisées. Leurs enfants sont traumatisés et déscolarisés. «Il est de notre devoir de les héberger pour leur épargner l'aventure de la rue», affirme Mme Aberkane, responsable du Samu social, avant de s'interroger : «Mais que peut-on faire de toutes ces familles monoparentales ? Nous ne pouvons les prendre en charge que pendant quelque temps, d'où l'importance de la création d'autres structures qui prendront le relais.» Cette population hétérogène vivant dans cet établissement est constituée de femmes, d'enfants, de personnes âgées, de grabataires et de handicapés mentaux, tous âges confondus, venus d'Alger ou des wilayas de l'intérieur (Chlef, Médéa, Jijel, Oran…). La présence dans ce milieu d'un certain nombre de jeunes, visiblement consternés, est plus que surprenante. Ils sont généralement originaires de l'intérieur du pays, venus à Alger à la recherche d'un emploi. Au bout de quelques mois et après avoir épuisé le peu d'argent qu'ils avaient, ils se retrouvent errant sans ressources. Ils viennent demander aide et assistance au Samu. Des familles entières ont également trouvé refuge dans ce centre. Certaines ont été expulsées de leur logement à la suite d'une décision de justice, alors que d'autres ont été contraintes de quitter leur région pour des raisons de sécurité, à l'image de la famille M. B. installée dans ce centre d'hébergement depuis plus d'un an, avec ses 9 enfants dont la plupart ne sont jamais allés à l'école. Les services de sécurité, les services sanitaires et parfois même les citoyens sont les principaux collaborateurs du Samu ; ce sont eux qui signalent ou orientent les personnes en difficulté vers ce centre. Et c'est par le biais des services de sécurité que le Samu tente de prendre contact avec les familles des pensionnaires. «Certaines familles répondent favorablement et se montrent très compréhensives. D'autres, en revanche, sont démissionnaires et refusent toute reprise de contact avec leur proche», fait remarquer Mme Aberkane.