Aperçu n Créé en 2001 et géré depuis par l'association Rachda, le centre Darna, spécialisé à l'origine dans l'accueil des femmes victimes du terrorisme, s'est, au fil des années, transformé en un centre d'accueil pour femmes battues avec ou sans enfant. «Rassemblement contre la hogra et pour les droits des Algériennes» (Rachda), le nom de l'association lancée depuis plusieurs années par Khalida Toumi qui en était alors la présidente, est inscrit sur une affiche à l'entrée du centre. Rehaussée d'une photo de femme en noir et blanc pour, sans doute, mieux illustrer le drame dans lequel sombrent les victimes de violence, l'affiche porte aussi un numéro de téléphone, invitant toutes les femmes en difficulté à appeler pour demander de l'aide. Le centre Darna a pour mission d'«offrir aux victimes de la violence une maison d'accueil et d'hébergement temporaire, ainsi qu'un soutien médical, psychologique et juridique», afin d'épargner aux femmes en détresse morale et physique les affres de la rue. L'équipe pluridisciplinaire en charge de cette catégorie à savoir la directrice, l'assistante sociale, ainsi que les juristes qui assistent les femmes dans leurs démarches administratives et juridiques, en plus de leur soutien psychologique, dont elles ont sérieusement besoin pour reprendre confiance en elles et pouvoir prendre en charge leur vie. La capacité d'accueil du centre est de 40 personnes, mais la moyenne générale est de 30 personnes, car «nous sommes un centre de transition, dont la durée d'hébergement ne devrait pas dépasser les trois à six mois. A la fin de cette période, ces femmes, ayant choisi de rompre les relations avec leur conjoint et parfois même avec toute leur famille, doivent, en principe, être transférées dans un autre centre, notamment, celui de Bou Ismaïl. Ce qui n'est pas toujours le cas puisque certaines ont plus d'une année dans cette structure», précise Mme nabila Laârbi, directrice du centre. Le centre comprend plusieurs chalets de deux pièces et une salle de bains. Ces petits logis abritent généralement deux femmes sans enfants. Le deuxième cas de figure concerne les femmes avec des enfants. Ne pouvant pas cohabiter avec des personnes étrangères, celles-ci bénéficient d'un chalet à elles seules. Ces femmes traînent derrière elles un passé lourd de souvenirs douloureux, des années de violence, d'humiliations, de privations… Si elles atterrissent dans ce centre, c'est parce qu'elles n'ont plus rien à perdre. «Je suis devenue la honte de toute la famille», dira l'une des pensionnaires. Elles ont tout abandonné, famille, maison, biens, et parfois même leurs enfants. Pour arriver jusqu'ici, certaines ont dû faire le parcours du combattant, avant d'être orientées, le plus souvent, par les services de police, la gendarmerie, certaines associations, avocats… Elles sont, dès l'instant où elles arrivent dans cet espace, accueillies par une assistante sociale. Celle-ci tentera de faire la lumière sur l'histoire de chacune d'elles, du début jusqu'à la fin, afin d'apporter un certain réconfort, utile devant ce genre de situation fort embarrassant. Ce travail «est indispensable à ces victimes fragilisées pour pouvoir surmonter leurs difficultés», souligne fatma-Zohra Salmi, assistante sociale au centre Darna.