Problématique n Comment les institutions de la société mozabite et ses règles de conduite ont-elles pu traverser les siècles et continuer, aujourd'hui encore, à jouer un rôle prépondérant à l'ombre de la République et de sa législation ? C'est à cette problématique centrale qu'a tenté de répondre la sociologue Fatma Oussedik à travers son nouvel ouvrage Relire les itifaqate qu'elle a présenté, hier, devant un panel de chercheurs universitaires au département de sociologie de l'université de Bouzaréah. Les «itifaqate» (accords), explique-t-elle, sont des textes écrits qui fixent les règles de conduite et qui réglementent tous les aspects de la vie sociale dans la vallée du M'zab. «Les plus anciennes auxquelles j'ai pu avoir accès pour mon étude remontent au début du XVe siècle», dit-elle. Bien que revues à chaque fois que l'impératif de l'adaptation aux mutations socio-économiques et politiques l'a imposé, ces «itifaqate» ont le mérite de subsister, non pas dans la mémoire collective mais dans le vécu quotidien des Mozabites. «Je voulais surtout comprendre comment ces textes anciens arrivent à avoir l'adhésion des populations au moment où les autres régions du pays connaissent réellement une crise des institutions», ajoute Mme Oussedik. Ce qui attise encore la curiosité c'est le fait que la souscription à l'appartenance à une nation (l'Algérie) est réellement présente dans la société mozabite dont est issu l'auteur de l'hymne national, Moufdi Zakaria. «Les institutions ont pour légitimité affirmée, la réalisation du bien pour tous les membres de la collectivité individuellement ou en groupe» et «ce bien est l'expression d'un bien collectif lorsque sa réalisation s'effectue en liaison avec une justice entre les individus et les groupes», constate l'étude qui conclut que «la relation entre le juste et le bien permet l'obtention d'un consensus social qui permet l'adhésion des individus et des groupes à une collectivité». A noter que Fatma Oussedik est la fille du célèbre écrivain et historien Tahar Oussedik qui, par son style particulier de reconstituer les événements historiques, a permis à des gens sans niveau d'instruction élevé d'accéder à leur histoire. l Relire les itifaqate, de Fatma Oussedik, éditions ENAG 2007, 462 pages.