Un constat alarmant a été dressé, hier, par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme : le littoral est agressé et envahi par le béton, la pollution et autres facteurs qui l'ont défiguré. «Le littoral étouffe». Le constat a été (re)établi, hier, par le ministère chargé de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, à l'occasion d'un «séminaire» organisé par le commandement de la Gendarmerie nationale à Chéraga (Alger). «L'urbanisation s'est intensifiée, principalement autour des principales grandes agglomérations. Cette expansion s'est faite au détriment des écosystèmes, de leur biodiversité et des terres agricoles et a été à la source de la pollution hydrique et atmosphérique, de la dégradation de la santé humaine, de la disparition de la faune et de la flore, de la diminution de l'attractivité du tourisme et de l'artificialisation des sols littoraux», a relevé Mme Samira Nateche. Selon la représentante du département de l'Environnement, «la croissance urbaine et industrielle a entraîné aussi une demande accrue en eau, avec des problèmes majeurs de collecte et de traitement des eaux usées ainsi que des déchets». C'est la loi 02-02 du 5 février 2002, relative à la protection et à la valorisation du littoral, qui délimite ce dernier et le définit comme un espace englobant entre autres une bande de terre d'une largeur minimale de 800 m longeant la mer et incluant notamment les plaines littorales de moins de 3 km. Le littoral comprend aussi une zone spécifique qui fait l'objet de mesures particulières de protection et de valorisation, dénommée zone côtière. Elle est composée du rivage naturel, des îles et des îlots, des eaux intérieures maritimes et du sol et du sous-sol de la mer territoriale. D'après la loi, toute construction sur la bande des 300 m est interdite sauf si cette même construction est liée à la sensibilité du milieu côtier. La loi interdit aussi toute implantation d'activité industrielle sur une bande littorale de moins de 3 km. La réalité est cependant tout autre. Selon les données communiquées par la conférencière, quelque 3,5 millions de personnes vivent à l'intérieur de la bande des 3 km, soit une densité de 830 habitants/km2. Du coup, 4 000 km2 sont amputés à la superficie du littoral estimée à 31 900 km2. Les atteintes relevées indiquent que 20% de la superficie de la bande des 300 m est occupée et urbanisée, 16% de la superficie de la bande des 3 km est urbanisée. On y a recensé aussi 786 unités industrielles, 21 zones d'activité, 13 zones industrielles et 91 industries à risque. Suivant la loi, toutes ces activités doivent être délocalisées et les habitants évacués. Interrogé à ce sujet, Mme Nateche a répondu : «Le ministère de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme n'a pas pour mission de délocaliser, mais de tracer une stratégie et une politique de protection du littoral.» La gendarmerie, quant à elle, promet «la réactivation des brigades du littoral, qui peuvent, dans l'avenir, intervenir dans la lutte contre les différentes atteintes portées au littoral et aux ressources halieutiques».