Dans certaines régions, on menace les enfants, qui refusent de finir leur assiette, de les livrer à une vieille femme qui, la nuit tombée, passe dans les maisons. On a pris aussi l'habitude de laisser des restes du souper dans une assiette pour que «yannayer» où cette vieille femme se rassasie : c'est une façon d'honorer les puissances invisibles, peut-être un ancien souvenir des cultes rendus, autrefois, aux génies. Les génies, comme les puissances invisibles, ‘âssas dar exerceront mieux leur protection. On donne la priorité aux préparations symbolisant la fécondité : crêpes, beignets, plats de fèves, pâtisseries traditionnelles à base d'œufs. ! Dans de nombreuses régions, on évite de faire des pains sans levain (type kesra ou aghrum), en revanche, on privilégie les pains avec levain (ma'tlu', tamethunt), le levain représentant «l'enflure», donc, symboliquement, une augmentation des richesses. On apprécie les douceurs, telles que les bonbons, les noisettes, les noix, les cacahuètes et surtout les dattes et les figues sèches, qui symbolisent la vie aisée et le bonheur. C'est, par exemple, le fameux driz ou trez des algérois, assortiment de fruits secs et de bonbons que l'on voit en vente sur tous les marchés durant les fêtes. On évite les aliments épicés ou amers, car ils sont de mauvais présages.