Avec la pénurie du pain «baladi» public, et un prix cinq fois plus élevé dans les boulangeries privées, une douzaine d'Egyptiens se sont déjà entretués dans des files d'attente depuis le début 2008. Cette explosion du prix du pain sur le marché libre, alors que le prix du baladi est inchangé depuis 20 ans, a fait que les boulangeries publiques se sont trouvées prises d'assaut par la population qui n'y allait plus. Des Egyptiens qui se battent pour obtenir quelques galettes de pain «baladi» à bas prix, des scènes comme celles-ci font scandale dans un pays frappé de plein fouet par la flambée des cours du blé. Hyperdépendance à l'égard des importations, système intangible de subventions, corruption et pauvreté se sont conjugués pour précipiter l'Egypte dans la crise du pain dont elle détient le record mondial de la consommation. «Je suis là depuis six heures, il est neuf heures, et toujours pas de pain, rien», s'écrie une mère de quatre enfants, au bord de la crise de nerfs devant une petite boulangerie gérée par l'Etat. L'atmosphère est tendue autour du kiosque. «Si le pain arrive, on ne peut en avoir que 20 par famille pour une livre (0,11 euro)», se lamente-t-elle. Pour elle, qui doit nourrir sa famille avec les 200 livres (23 euros) de salaire mensuel de son époux, comme pour les 45 % d'Egyptiens vivant sous ou près du niveau de pauvreté, «le pain, c'est la vie».