Les boulangers disent qu'ils perdent sept mille cinq cents dinars pour chaque heure de coupure de courant. Le volume temps pour la confection du pain étant important, dans certaines boulangeries, le déficit est ainsi colossal. L'Union des boulangers, une organisation affiliée à l'UGCAA, l'a quantifié, et elle l'a fait savoir. Pour elle, la Sonelgaz est tenue pour responsable de ces pertes. Du coup, l'Union lui réclame des dédommagements, mais il semble que les responsables de cette entreprise ne soient pas disposés à mettre la main à la poche. Du moins, pas dans l'immédiat. Et cela irrite les artisans boulangers syndiqués de l'UCGAA. Il faut dire que le courant ne passe plus entre Sonelgaz et l'Union des boulangers. Ce blocage semble avoir cependant poussé les boulangers à prendre des positions radicales. Ils se montrent menaçants : «Une pénurie de pain» est à craindre pendant le mois de Ramadhan, fulmine leur Union. Déjà que la majorité d'entre eux ont pris congé avant l'heure, au prétexte que les coupures d'électricité, devenues répétitives depuis quelques semaines, leur font perdre de l'argent et leur causent des dégâts matériels. Conséquence immédiate : le pain se fait rare et son prix a légèrement augmenté, une sorte de marge bénéficiaire reconstituée, décidée par certains boulangers et autres «revendeurs» de pain à l'air libre. Les boulangers estiment qu'ils «ne rentrent pas dans leurs frais, le coût de revient de la baguette de pain, au sortir du four, restant élevé». Cette situation rappelle celle que l'Union des boulangers a vécue, il y a six à sept ans. On s'en souvient, les boulangers voulaient ni plus ni moins relever le prix du pain. A l'époque, il y avait tension sur la fameuse farine panifiable, parce que des privés, pourtant autorisés à importer du blé tendre, pour produire, par la suite cette farine avaient refusé d'en importer au motif que les cours du blé flambaient sur les marchés internationaux. C'était un fait inédit. La défection du privé avait donné lieu à une réelle levée de boucliers dans le camp des boulangers. Un mouvement de contestation qui n'avait cependant pas inquiété les importateurs privés. C'était l'OAIC qui avait suppléé aux quantités de blé tendre dont avaient besoin les minotiers. La loi n'oblige pas ces privés à remplir leur mission d'importation, quelles que soient les conjonctures. Elle n'est pas toujours la bonne solution. En tout cas, la colère des confectionneurs de pain n'avait pas abouti à l'augmentation du prix du pain, parce que le gouvernement ne voulait pas en entendre parler. Un dialogue avait néanmoins été établi entre le ministère du Commerce et les représentants des boulangers, et une commission de travail mixte chargée de trouver des formules en faveur des boulangers avait été installée. Qu'il s'agisse d'importateurs privés ou de Sonelgaz, cela importe peu pour l'Union des boulangers. Celle-ci pourrait se dire, et elle est dans son rôle, que l'élément «perturbateur» est externe à la profession. Et de ce fait, il ne peut être réglé en interne. Aussi, l'Union des boulangers a interpellé les pouvoirs publics sur la situation du secteur. Y. S.