Résumé de la 98e partie n Alvirah est sollicitée par l'Association des gagnants à la loterie pour aider les femmes victimes des escroqueries surtout de leur mari. Nelly était de petite taille, boulotte, sans rien de remarquable, avec des traits plutôt agréables et quelques mèches brunes dans ses cheveux gris dont les ondulations naturelles adoucissaient les rides que le temps et le travail avaient creusées autour de ses yeux et de sa bouche. Avec sa voix hésitante et son sourire timide, elle avait l'air d'une femme fragile et influençable, mais rien n'était plus éloigné de la vérité. Ceux qui tentaient de la rouler apprenaient vite que Nelly ne s'en laissait pas conter et avait un sens implacable de la justice. Jusqu'à ce qu'elle prenne sa retraite, à l'âge de soixante ans, elle avait été comptable dans une petite entreprise qui fabriquait des stores d'intérieur. Quelques années plus tôt, elle s'était aperçue que le neveu du propriétaire détournait les fonds de l'entreprise. Elle avait alors persuadé son patron de forcer le neveu à vendre sa maison et à rembourser jusqu'au dernier cent ce qu'il avait volé, à défaut de devenir pensionnaire de l'administration pénitentiaire de l'Etat de New York. Et une autre fois, alors qu'un adolescent avait tenté de lui arracher son sac en passant près d'elle en bicyclette, elle avait glissé son parapluie entre les rayons de la roue avant, I'envoyant valdinguer sur la chaussée avec une entorse. Elle avait ensuite aIterné appels au secours et leçons de morale à l'adresse de son apprenti agresseur jusqu'à l'arrivée de la police. Mais ces incidents n'étaient rien comparés au fait de se voir escroquer de presque deux millions de dollars, sa part d'un gain à la loterie, par l'homme qui avait été son mari pendant quarante ans et par la femme qu'il avait épousée après elle, Roxie, la nouvelle Mme Tim Monahan. Sachant qu'Alvirah Meehan et son mari Willy habitaient un de ces luxueux immeubles de Central Park South, Nelly s'était habillée avec soin pour se rendre chez eux, choisissant un tailleur de tweed marron qu'elle avait acheté en solde chez A&S. Elle avait même fait la dépense d'aller chez le coiffeur. A dix heures tapantes, le portier l'annonça. A dix heures trente, Alvirah servait un deuxième café à son invitée. Pendant une demi-heure elle était délibérément restée au stade des généralités, parlant de leurs expériences communes et des changements intervenus dans la ville. Son activité d'éditorialiste au New York Globe avait appris à Alvirah qu'un témoin détendu en disait dix fois plus. «Passons aux choses sérieuses, se décida-t-elle enfin, branchant le micro de sa broche en forme de soleil au revers de sa veste. Je vais être franche avec vous. J'ai l'intention d'enregistrer notre conversation car il se peut qu'en l'écoutant à nouveau par la suite je remarque quelque chose qui m'avait échappé.» Les yeux de Nelly Monahan étincelèrent. «Rhonda Alvirez m'a raconté que vous utilisiez ce micro lors de vos enquêtes criminelles. Eh bien, je peux vous annoncer que j'ai une affaire criminelle pour vous, et que le nom du criminel est Tim Monahan.» (à suivre...)