Peinture La galerie d?art de la Citadelle d?Alger abrite l?exposition d?une pléiade d?artistes algériens et étrangers. Hachemi Mokrane en fait partie. Les tableaux de l?artiste sont des représentations calligraphiques inspirées d?un poème de Victor Hugo (Lettre à Juliette) et du visuel d?un texte des versets coraniques, et qui a été travaillé et retravaillé par l?imaginaire de l?artiste jusqu?à dépasser le stade de la lecture textuelle et parvenir au niveau de la lecture plastique. L?art de Hachemi Mokrane correspond à l?écriture de la calligraphie, une calligraphie qui, cependant, n?observe pas les prescriptions académiques ; elle se présente autrement, selon les besoins de l?artiste, et se traduit selon son rapport avec l?écriture et avec la langue. Chez lui, tout commence là où la lecture s?arrête d?opérer, là où l?écriture s?effiloche, s?efface, se perd et se dilue dans l?espace, là où la graphie, se métamorphosant, devient diffuse, embrouillée. C?est une calligraphie où les formes, imprécises ou approximatives, sont éclatées, où les gestes, heurtés et fébriles, sont dispersés, où le regard, anxieux et dérouté, se fourvoie dans cette représentation décousue et dédaléenne de transcriptions graphiques assimilées à des formules cabalistiques. Rien n?est précis ou lisible. Tout prête à confusion et à une interprétation plutôt à caractère spéculatif. Ce monde que l?artiste nous fait voir et connaître est un monde de l?écriture, de l?expression, de la représentation, un monde qui, fait uniquement de silence, de quiétude et, quelquefois, de soupirs feutrés, se met en spectacle, selon une inspiration recherchée ; c?est un monde qui, accompli, s?achève, mais en même temps qui, soumis aux variations, se régénère, se transmue. L?écriture se transfigure, se renouvelle selon d?autres besoins langagiers, selon une nouvelle conscience. Ecriture ou réécriture d?un monde qui, à la fois, se décompose et se recompose. Nouvelle écriture, nouveau langage. Nouvelle perception de l?art, une vision personnelle. Une nouvelle version, une nouvelle approche de la calligraphie. Ce langage est associé à un modèle vivant, expressif : le nu. Là où l?écriture perd de son épaisseur et de sa teneur, là où elle s?estompe, là où l?image du nu se montre et prend place, avec toutes ses mesures requises. Un corps de femme investit, par parcelle, l?espace pensé et conçu, tracé et spécifié par l?artiste, réexploité par son imaginaire ? mais aussi par sa conscience. L?espace est donc redéfini, renommé.