Une grève de salariés sans papiers, déclenchée de façon coordonnée pour la première fois en France dans une vingtaine d'entreprises de la restauration, du bâtiment ou du nettoyage près de Paris, oblige une partie du patronat à s'engager pour obtenir leur régularisation. «On veut faire ouvrir les yeux sur une réalité», explique une responsable du syndicat CGT, à l'initiative du mouvement déclenché le 15 avril. Il y aurait en France entre 200 000 et 400 000 étrangers en situation irrégulière, dont l'immense majorité travaille, notamment dans les petites entreprises de secteurs en pénurie de main-d'œuvre, comme la restauration, le bâtiment ou le nettoyage. Devant cette mobilisation inédite, certaines organisations patronales ont révélé au grand jour leur dilemme, entre nécessité de trouver de la main-d'œuvre et risque de sanctions judiciaires pour emploi de clandestins. Un décret de juillet 2007 fait obligation aux employeurs de s'assurer auprès des préfectures de l'authenticité des papiers des travailleurs étrangers. S'il existe des employeurs qui embauchent en connaissance de cause des sans-papiers et «doivent être sanctionnés», «certains» ne le savent pas et «d'autres sont obligés d'en faire travailler sinon ils fermeraient leur entreprise faute de main-d'œuvre», a déclaré le vice-président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. Deux syndicats du patronat de l'hôtellerie et de la restauration se sont joints aux sans-papiers pour interpeller le gouvernement. «Il n'y a pas d'autre solution que de régulariser les sans-papiers (embauchés avant juillet 2007) déclarés par les employeurs», a déclaré le président de l'un des deux syndicats.