Une rencontre commémorative de la conférence historique de Tanger, tenue hier dans la même ville, a failli tourner à l'incident diplomatique à cause du comportement pour le moins irresponsable d'un ministre marocain. Celui-ci a poussé l'outrecuidance jusqu'à appeler le Président Bouteflika à soutenir le projet d'autonomie du Sahara occidental, proposé par le Maroc. Présent dans la salle, Abdelaziz Belkhadem a tenu à mettre les points sur les «i»… Le Chef du gouvernement, présent à Tanger pour participer aux festivités commémoratives de la conférence de Tanger, premier jalon de la construction maghrébine, ne s'attendait guère à voir les dirigeants marocains saisir une telle occasion pour remettre sur le tapis la question du Sahara occidental. Mieux, un ministre marocain a poussé l'outrecuidance jusqu'à appeler le président Abdelaziz Bouteflika à soutenir le projet d'autonomie prôné par le Maroc. C'est au cours d'une réunion publique, qui regroupait, hier, les dirigeants des partis au pouvoir dans les cinq pays du Maghreb, que le ministre d'Etat et dirigeant socialiste Mohamed Al-Yazghi a suscité le courroux de Abdelaziz Belkhadem en appelant dans son allocution «les dirigeants maghrébins, particulièrement le président algérien Abdelaziz Bouteflika, à soutenir le projet marocain pour sortir le dossier du Sahara de l'impasse». Ce qui a fait vivement réagir le Chef du gouvernement qui n'a pas manqué d'arguments pour répliquer à l'audace du ministre marocain. «L'Algérie a toujours défendu, depuis son indépendance, les causes justes et les mouvements de libération nationale, au Mozambique, en Angola et même dans son voisinage», a-t-il lancé faisant clairement allusion à la position de principe de l'Algérie en faveur de l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. «Voulez-vous que l'Algérie renonce à ses principes. Mon pays fait face à des accusations», a-t-il ajouté, avant d'être interrompu par l'assistance qui scandait : «Le Sahara est marocain.» Le Premier ministre marocain Abbas El-Fassi a été contraint d'intervenir pour demander à la salle de respecter «l'intervention de M. Belkhadem». Ce dernier a conclu : «L'histoire dira qui est responsable du blocage.» M. El-Fassi s'est laissé trahir par une sentence qui en dit long sur le véritable responsable du blocage de la question sahraouie et de l'édification de l'UMA. «La question du Sahara est sacrée au Maroc», a-t-il lâché en précisant : «On ne va pas la résoudre dans cette salle.» Cet incident provoqué par un ministre marocain, dont le comportement semble avoir été prémédité, n'a pas empêché les participants d'affirmer dans un communiqué commun qu'ils se réuniront à Tripoli en 2009 et qu'ils intensifieront leur «coordination sur toutes les affaires intéressant le Maghreb arabe». Dans la matinée, M. Belkhadem avait indiqué que «le corps maghrébin n'est pas mort». «Des réunions ministérielles se tiennent régulièrement et la pièce manquante, c'est un sommet des chefs d'Etat», avant d'appuyer la position du secrétaire général de l'UMA, le Tunisien Habib Benyahia, qui avait appelé à la tenue, «dans les plus brefs délais», du 7e sommet des chefs d'Etat.