Mais le feu n'est pas seulement la représentation de l'esprit : force de destruction, il comporte un aspect négatif, que les cultures n'ont cessé de relever. La foudre qui tombe du ciel est un danger permanent et a menacé les hommes jusqu'à l'invention du paratonnerre. On redoutait également les volcans, dont les laves, du «feu liquéfié», c'est-à-dire de la roche en fusion, tue et pétrifie tout ce qu'elle touche. Enfin, le feu a été, dans de nombreuses cultures, un instrument de supplice. Qu'on se rappelle, avec le christianisme, les bûchers auxquels on livrait les hérétiques et les sorcières ! Dans les religions monothéistes, le feu est associé à l'enfer, le séjour des damnés. Dans le christianisme, l'ange déchu s'appelle Lucifer, mot latin signifiant «porteur de lumière», car, avant la chute, c'était un ange soumis à Dieu. Le nom est venu à désigner la damnation et le supplice par le feu. Dans l'islam, c'est le mot nâr, «feu» qui symbolise l'enfer : «Ceux qui renient nos signes, nous allons les brûler dans le feu...», (s 4, v. 56). On note aussi dans le Coran d'autres dénominations : feu éclatant en flammes, «nous avons préparé pour ceux qui ont traité l'heure (le jugement dernier) de mensonge, un feu éclatant en flammes», (s. 25, v.11), (le châtiment, ‘adhab, «le châtiment de l'au-delà est le plus sévère et le plus durable», (S. 20, v. 127). L'enfer possède aussi quelques noms propres, comme saqar : «Je vais le brûler dans Saqar, et qui te dira ce qu'est Saqar ? Il ne laisse rien et n'épargne rien, brûlant la peau et la noircissant», (s. 74, v. 26-29).