Contribution n La femme occupe une place de choix au sein de la société sahraouie. Une place qui lui confère bien des prérogatives. Ainsi, c'est elle qui décide de tout ce qui a trait à la gestion du foyer, rien ne se fait sans son accord. Au sein de la communauté, elle a également son mot à dire. Avec un tel statut, elle ne pouvait qu'être à l'avant-garde du combat pour l'indépendance. C'est tout naturellement d'ailleurs qu'elle a pris part à la lutte armée. Outre sa présence directe au front, les armes à la main, elle a été d'un grand apport aux combattants qu'elle a nourris, soignés et soutenus. Aujourd'hui encore, elle continue de lutter contre le colonialisme. «Elle est le fer de lance de notre combat», reconnaît Mohammed, un membre actif du Front Polisario. Nationaliste jusqu'à la moelle, elle ne rechigne pas à l'effort quand il s'agit d'apprendre aux nouvelles générations à aimer leur patrie. «Participer au combat de notre peuple est un devoir pour nous», note Meymouna, 33 ans. Outrée par les conditions dans lesquelles vivent ses compatriotes, cette mère de quatre enfants reste néanmoins convaincue que les Marocains finiront par quitter son pays : «Je ne sais pas quand, mais cela interviendra un jour.» Issue d'une famille révolutionnaire – son père fait partie de l'Armée de libération populaire sahraouie (Alps) – Meymouna a élevé Brahim Dady, Aïcha et Rabab, alias Rouby, en leur inculquant l'amour de la patrie. «On n'a pas de pays de rechange, c'est ce que je dis souvent à mes enfants pour les préparer à rejoindre la révolution», fait-elle remarquer. Pour sa part, Nett, une jeune fille de 27 ans qui habite au camp de Dakhla, affirme être aux côtés de tous ceux qui luttent pour l'indépendance du Sahara occidental, «notre cher pays». Désignée pour participer aux festivités du 35e anniversaire du déclenchement de la lutte armée, elle a été parmi les premières à prendre place à l'intérieur du camion mobilisé pour le transport des femmes du camp de Dakhla vers le territoire libéré de Tifariti, sur une distance de plus de 400 kilomètres. Le voyage fut long et éreintant. «Il nous a fallu deux jours et deux nuits pour arriver ici», témoigne Nett. Et d'ajouter : «Je suis pour la première fois de ma vie sur la terre de mes ancêtres et c'est ce qui importe le plus.» Son frère Nefaï, 10 ans, a tout fait pour l'accompagner. «Il n'a pas cessé de pleurer, ce qui m'a poussée à le prendre avec moi malgré le refus de mes parents», explique-t-elle, tout en reconnaissant avoir commis une erreur en le ramenant avec elle : «Il est trop jeune pour faire un tel voyage, depuis qu'il est ici, il ne fait rien d'autre que dormir tellement il est épuisé.» «Enfin il a eu la chance que je n'ai pas eue quand j'étais petite», ajoute-t-elle. Sur ce, elle prend la direction d'un terrain vague situé à quelques mètres de là pour assister aux parades militaires qui venaient de commencer. «Ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir un tel spectacle», s'excuse-t-elle.