Il aura fallu attendre la hausse mondiale des produits alimentaires pour que le gouvernement décide enfin de réviser le prix référentiel du baril en allant puiser dans le Fonds de régulation des recettes. Fixé depuis dix ans à 19 dollars, ce prix passe désormais à 37 dollars. Les pétrodollars qui dorment dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) devront enfin servir à quelque chose autre que l'épargne pour les générations futures. Sujet à toutes les approximations, le prix référentiel du baril pour la confection des lois de finances gagne du galon et passera désormais, dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2008, à 37 dollars au lieu de 19. Cet «ajustement budgétaire» attendu depuis dix ans n'a de but, comme le justifie Karim Djoudi, que la préservation des fondamentaux de l'économie nationale, notamment l'inflation tributaire de tensions. «Le plus important, dans la conjoncture actuelle, c'est de bien gérer les dépenses publiques», a-t-il affirmé hier au CIP lors du traditionnel point de presse hebdomadaire de Abderrachid Boukerzaza. Par conjoncture actuelle, le premier argentier du pays qui même avec ce réajustement appelle à «la prudence» voudrait rappeler d'abord la hausse planétaire des produits alimentaires qui, pour beaucoup d'experts, annonce la fin de la nourriture bon marché. L'Algérie est concernée de près : le ministre des Finances admet, dans ce registre, que «la flambée sur le marché mondial a obligé l'Etat à soutenir davantage un nombre assez important de produits» et trouve, du coup, tout à fait normal, devant cette conjoncture, de «booster encore plus le prix référentiel du baril du pétrole». Les 37 dollars au lieu de 19 seront aussi comme une bouffée d'oxygène pour le Trésor public dont le déficit est financé justement par le Fonds de régulation des recettes. Or, ce même Trésor dont les recettes budgétaires sont, dans cette même loi de finances, de l'ordre de 2 763 milliards de dinars, est continuellement sollicité. Karim Djoudi évoque pêle-mêle «le financement des grands projets, les dettes des communes, la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique, les dispositifs de l'emploi…» Tout en appelant au «confortement des équilibres internes et externes», sans évoquer pour autant et on ne sait pour quelle raison les chiffres du budget de fonctionnement et celui de l'équipement, le ministre des Finances a rassuré que la différence née de cette sensible révision du prix référentiel du baril est adossée au Fonds de régulation des recettes, un instrument qui sert, outre au financement du déficit public, au remboursement de la dette. A coup de taux et statistiques, Karim Djoudi annonce que les recettes budgétaires ont bondi de 43,6% au moment où la fiscalité pétrolière est passée à 1 715 milliards de dinars contre 970 milliards de dinars antérieurement. Les recettes budgétaires passent, elles, de 1 924 milliards de dinars à 2 763 milliards de dinars tandis que les dépenses budgétaires augmentent de 4 323 milliards de dinars à 4 882 milliards de dinars, soit un bond de 12,9%.