Certains vendeurs dans les d'lalate ne savent pas qu'ils sont en train de céder des véritables objets d'art dignes de musées au prix d'un… sandwich ! c'est le cas à la d'lala de Oued Kniss où des toiles qui datent des années quarante et cinquante, peintes parfois par des artistes (amateurs français), sont exposées – à la poussière et à l'humidité – ici, à même le sol. Un tableau représentant des dockers au port d'Alger signature Jacques, nous a été proposé par un jeune vendeur à … 200 DA. Ce dernier justifie ce bradage par le fait que beaucoup de gens ne connaissent pas la vraie valeur de ces objets, il est alors contraint de vendre au premier venu. «Que croyez-vous que l'on gagne ? Rien. Du matin au soir, je suis cloué ici. Je sais très bien ce que valent ces objets d'un point de vue artistique et historique. Mais rares sont les clients qui viennent, alors je liquide question de me faire quelques dizaines de dinars...», justifie un jeune revendeur à Oued Knis. Dans cet ancien marché aux puces, on trouve aussi des ustensiles de cuisine en cuivre et en argent qui remontent à l'époque ottomane et qui ont été fabriqués chez les petits artisans de la Casbah (verres, plats, vases, lampes à l'huile, cafetières, théières). Il y a aussi des disques «33 tours» des pionniers et des pionnières du rai, du chaâbi et de l'andalou. Même si de nos jours personne n'utilise plus ce genre de disques, ils ont quand même une valeur historique surtout pour les nostalgiques des années d'or de l'Algérie. Des cartes postales et des photos imprimées et éditées durant l'époque coloniale (certaines datent même des premières années de la présence française en Algérie) sont aussi exposées à la vente. Sur certaines d'entre elles, il y a toujours le cachet de la poste qui témoigne de la date de l'envoi, et sur les cartes postales, on lit certains messages adressés par les expéditeurs à leurs proches ou leurs amoureux…