Insolite n Il y a de tout dans ce souk d'lala de Laâqiba à Belcourt. Des appareils électroménagers en panne, des disques des années 1970, des tournevis, des boulons de camions et de voitures usagés, etc. Une véritable caverne d'Ali Baba. Il est 10h 00 à la célèbre d'lala de Laâqiba. Il y a beaucoup de monde : des habitués, mais aussi des curieux qui ont entendu parler de l'endroit et qui y viennent pour la première fois. Certains improvisent des petits étals en utilisant un morceau de contreplaqué, des cageots de bouteilles, des cartons… D'autres, en revanche, exposent leurs marchandises à même le sol. Aucune organisation, aucun ordre, tout est entassé au même endroit. On peut y trouver une pièce d'automobile à côté d'un ustensile de cuisine ou d'un vêtement d'occasion, un véritable «souk». Un acheteur intéressé doit d'abord avoir une bonne vision et de la patience pour dénicher l'objet qu'il cherche dans ce tas. Aucun prix n'est fixé, tout est approximatif et négociable. «Tous ces objets ont été récupérés dans des endroits précis : décharges publiques, cimetières d'automobiles, usines… Alors tout ce qu'on nous offre comme prix c'est du bénéfice net. Cependant, quand nous remarquons qu'un acheteur est vraiment intéressé par un objet, on essaye d'abord de profiter de sa passion. Mais on ne le laisse jamais partir si on découvre qu'il se désintéresse. Et on le lui vend au prix qu'il propose», souligne, sans malice, Réda, un natif du quartier et un habitué des lieux, depuis une dizaine d'années. Devant lui, un tas d'objets bizarres : des cassettes vidéo de films d'action poussiéreuses qui, «si on les place dans un magnétoscope, vont certainement en arrêter le mécanisme…», plaisante un autre revendeur. A côté de ces cassettes, d'autres cassettes audio datant des années 1970 et 1980, les coffrets en plastique bien faits et portant des photos des chanteurs (Dahmane El-harrachi, Seloua, Rabeh deryassa, Aâmar Ezzahi, Al-Anka, Aïssa El-Djarmouni…), témoignant de leur ancienneté. Il y a aussi des disques «33 tours» qui portent des photos de Brel, de Michael Jackson, de Madonna, mais aussi de chanteurs locaux (stars) des années 1980 comme El-Mazouni, Khaled… Les bricoleurs et les artisans y trouvent aussi leur compte. En effet, divers outils et matériels de maçonnerie, de plomberie, d'électricité et autres sont exposés. «On peut y trouver des marteaux, des clous rouillés, des serre-joints, des tronçonneuses en panne ou en état de marche, des chalumeaux, des trousses à outils, des tenailles, des prises, des interrupteurs électriques, etc. Sont également exposés des livres, des revues, des magazines d'occasion. On peut y trouver facilement un Paris Match, ou un Figaro qui datent des années 1970 et 1980. Comme en témoigne ce Figaro Magazine avec en Une une photo du président américain Ronald Reagan. Mais aussi des revues et magazines en arabe comme Al Arabi et le journal Acharq Al Awsat qui datent des années 1980. Il y a aussi des objets qu'on n'imagine mal ici, des aiguilles, des statuettes en bronze, des poupées en caoutchouc, des ustensiles de cuisine usagés, des pièces de monnaie anciennes et des cartes et timbres postaux, abîmés mais qui ont une valeur historique importante. «Ces lieux ont une valeur historique très importante, mais ils ne sont pas estimés par les gens. Et les revendeurs, qui n'ont pas, en général, un haut niveau d'instruction, ne savent pas, parfois, qu'ils sont en train de céder des trésors à des prix dérisoires», souligne un quadragénaire en train de fouiller dans un tas d'anciens magazines.