Reconnaissance n Un hommage a été rendu, jeudi, à Mustapha Toumi, homme de culture et de lettres, au théâtre national. Dans une conférence où il a retracé sa vie et son parcours intellectuel, Nassreddine Baghdadi, membre de l'association culturelle Djazaïr El-Assima, initiatrice de cette manifestation, a qualifié Mustapha Toumi d'«érudit» et de «plurivalent». Il a dit : «C'est un homme qui a touché à tous les domaines de l'art et de la culture. Très jeune, il a manifesté ses prédispositions pour la recherche et la création, donc pour l'écriture. C'est un artiste, un homme de lettres et un intellectuel accompli. Il est pluridisciplinaire.» Ainsi, Mustapha Toumi, né en 1937, à la Casbah, a plus d'une corde à son arc. Il a rédigé des articles culturels dans les journaux, notamment dans les quotidiens Algérie Républicain et El Moudjahid. Il a écrit des scénarios : Echebka (le filet) et El-Moufid (l'essentiel) comme il a fait le théâtre (radiophonique et scénique). Il a écrit d'ailleurs plusieurs pièces. Il a, plus tard, occupé un poste au ministère de la culture. Il a aussi organisé, en 1969, le festival culturel Panafricain – Mustapha Toumi a écrit à Miriame Makeba la célèbre chanson Africa qu'elle a interprétée pendant ce festival. Il en a écrit d'ailleurs d'autres à Ouarda El-Djazaïria et aussi à Mohamed Lamari et à El Hadj M'hamed El Anka. Il est l'auteur de la mémorable chanson Sobhanallah Yaltif . Il a également mené des recherches en linguistique comparée. «Mustapha Toumi, qui est plurilinguiste (il parle aussi bien l'arabe que le français et le kabyle), s'est intéressé aux langages», a souligné Nassreddine Baghdadi, ajoutant : «Il a étudié et comparé les langues sémitiques avec les langues indo-européennes. De cette comparaison, il a pu relever une correspondance entre ces langues.» Et de poursuivre : «Mais son penchant pour la poésie s'est révélé plus fort et irréductible», et dans la poésie, il nourrit un intérêt déclaré pour la poésie populaire notamment celle dite dans les chants arabo-andalous,chaâbis, bédouis, kabyles… Interrogé sur ce goût, cette inclination pour la poésie populaire, Mustapha Toumi, pour qui celle-ci exprime une grande authenticité, a dit : «le lieu où je suis né et ai grandi, c'est-à-dire à la Casbah, s'est avéré favorable à mon apprentissage de la culture populaire. Mon environnement social fait de différents langages comme l'arabe (et notamment l'arabe dialectal), le kabyle, m'a habitué très jeune à la poésie populaire», indiquant : «j'ai aussi appris et commencé à apprécier la poésie populaire en prêtant une oreille attentive et réceptive, écoutant continuellement la radio.» Ainsi, l'éducation sociale et familiale ont permis à Mustapha Toumi d'appréhender intimement la culture populaire et de s'en nourrir jusqu'à en faire une passion, un acte de création. Mustapha Toumi a, ensuite, expliqué son choix pour la poésie populaire, donc pour l'arabe dialectal : «L'arabe classique ou littéraire est élitiste, il s'adresse à une minorité, alors que l'arabe dialectal, parlé par tous, est compréhensible.» Cela revient à dire que le chaâbi lui a permis d'être plus proche de la société et de la culture populaire. Mustapha Toumi – il était, par le passé, l'un des fondateurs des festivals de la culture et la chanson populaire – se révèle une sommité, un érudit. Jeune, il a milité pour la cause algérienne où il a participé à la Révolution. Toute sa vie, il la passe à défendre et à parler du patrimoine et de la culture populaire, mais sans s'y enfermer. Attaché à ses principes, il reste ouvert aux autres formes culturelles et genres artistiques.