Coût n L'Algérie a importé en 2007 pour 1,4 milliard de dollars de médicaments, a déploré, hier, le président du Conseil de l'ordre des pharmaciens d'Alger. Invité du Forum d'El-Moudjahid, le Dr Lotfi Benbahmed, qui est également vice-président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (Cnop), regrette que la jeune industrie nationale du médicament, qui a généré en 2007 environ 400 millions de dollars, «soit soumise à des problématiques liées à la maîtrise des processus de fabrication, à l'absence de savoir-faire en matière de développement pharmaceutique, à un environnement économique contraignant et au manque de stratégie industrielle intégrée». L'orateur notera dans le même sillage un certain nombre de facteurs à l'origine de la régression de la filière, en particulier un environnement économique contraignant et un manque de stratégie industrielle intégrée et concertée. A cela s'ajoutent l'absence de vocation industrielle chez certaines entreprises, l'incapacité des industriels locaux à évoluer vers une «maîtrise intégrée» du processus industriel de fabrication et l'absence de capacités de développement technique et technologique. S'agissant du volet lié à la distribution, tout en se réjouissant de «la création de près de 700 entreprises pharmaceutiques, à la suite de l'ouverture du marché de la distribution, le Dr Benbahmed déplore cependant que «l'essor de ce secteur, peu encadré et insuffisamment réglementé, ait été accompagné par l'apparition de phénomènes spéculatifs préjudiciables à la disponibilité continue des produits pharmaceutiques». L'invité d'El-Moudjahid reprochera aux pouvoirs publics de «marginaliser» le circuit de distribution «notamment à travers un nouveau dispositif de marges inadapté» qui risque, selon lui, d'«exacerber les problèmes de disponibilité». Pourtant, fait savoir le conférencier, «la distribution constitue un vecteur essentiel d'une politique de soins pharmaceutiques et un élément important du développement de notre production locale». A propos de l'importation des médicaments, M. Benbahmed soulignera que «l'environnement économique dans lequel l'importation évolue a un impact sur les problématiques de disponibilité et en particulier par la dévaluation continue de la monnaie nationale par rapport à l'euro en privant les opérateurs d'un financement stable avec pour conséquence directe une rupture de la chaîne d'approvisionnement». Peu de transparence sur les prix l Selon Lotfi Benbahmed, la procédure d'enregistrement d'un médicament est un processus qui fait appel à plusieurs intervenants dont le ministère de la Santé «constitue une structure centrale qui concilie et regroupe l'ensemble des procédures centralisées et décentralisées». Indiquant que les prix sont négociés à l'importation, le vice-président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens constate toutefois «des insuffisances dans la transparence du dispositif de fixation des prix». Contrefaçon : 50 milliards de dollars de pertes dans le monde ! l Le phénomène de la contrefaçon ronge aussi la filière du médicament. Selon Lotfi Benbahmed, 32 à 50 milliards de dollars de pertes sont enregistrées à travers le monde du fait de la contrefaçon dont 13 à 20 milliards dollars pour les pays industrialisés et entre 19 et 30 milliards dollars pour les pays en voie de développement. Par ailleurs, le fléau de la contrefaçon est à l'origine de 236 millions d'euros (soit l'équivalent de 20 milliards de DA) de pertes pour l'économie nationale tous secteurs confondus.