Scrutin n Le régime zimbabwéen a appelé ses partisans à continuer de faire campagne pour le second tour de l'élection présidentielle, en mettant en doute le retrait du chef de l'opposition Morgan Tsvangirai. «C'est la 11e fois que Tsvangirai menace de se retirer du second tour de l'élection présidentielle», a déclaré, hier, dimanche, le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa. L'Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu-PF) ne prend pas cette menace au sérieux. Pour lui, elle est caduque. Il appelle ses partisans à poursuivre la campagne «pour remporter la victoire de vendredi», a ajouté Chinamasa, qui est également le porte-parole de Zanu-PF, au pouvoir. Tsvangirai avait annoncé, hier, dimanche, que face à une orgie de violence, il renonçait à affronter le chef de l'Etat, Robert Mugabe, au second tour de la présidentielle, prévu vendredi. Pour Chinamasa, cette annonce a été calculée pour coïncider avec une réunion, aujourd'hui, lundi, du Conseil de sécurité de l'ONU, qui est actuellement dirigé par les Etats-Unis. «C'est clair que Tsvangirai, avec cette annonce, cherche à profiter de la réunion sous la présidence des Etats-Unis pour obtenir une forte résolution du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il dit. «Mais en ce qui nous concerne, la situation au Zimbabwe ne nécessite pas d'intervention de l'extérieur.» Selon l'édition du quotidien The Herald de ce lundi, Tsvangirai, chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), n'a toutefois pas formellement notifié son retrait à la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) qui continue ses préparatifs pour le second tour. «Nous avons seulement appris son retrait par la presse. Nous espérons qu'il écrira une lettre à la commission. Si cette lettre arrive, nous prendrons les mesures nécessaires», a déclaré, sans plus de précisions, le président de la ZEC, George Chiweshe, cité par le journal. Arrivé en tête au premier tour, le 29 mars dernier, Tsvangirai a fini, hier, dimanche, par jeter l'éponge, acculé par l'intransigeance de l'ancien héros de l'indépendance, 84 ans, qui s'estime investi d'un pouvoir de droit divin. «Nous cessons de participer à ce qui est une parodie de processus électoral, entachée de violence et illégitime», a-t-il déclaré ajoutant : «(le MDC) ne peut pas demander aux électeurs de risquer leur vie en votant le 27 juin». Depuis la défaite historique du régime le 29 mars dernier, les violences se sont déchaînées et l'opposition n'a pu mener campagne. Le régime impute les violences au MDC, mais selon Tsvangirai, «200 000 personnes ont été déplacées, plus de 86 partisans du MDC tués, plus de 20 000 maisons brûlées et plus de 10 000 personnes blessées».