Doute n La grève des vétérinaires, bien que suspendue, peut rebondir à tout moment et risque de s'avérer très préjudiciable pour la santé publique en cette saison estivale. Les différents ports du pays étaient presque totalement paralysés lors de ces 20 jours de protestation, selon le Syndicat national des vétérinaires de la fonction publique (Snvfap). L'organisation qui représente 1 200 vétérinaires, souligne l'adhésion au mot d'ordre de grève de tous les vétérinaires qui lui sont affiliés dans les 42 wilayas structurées. Le Snvfap estime que la grève a été largement suivie avec un taux de participation de près de 90%. Les grévistes espéraient avoir gain de cause avec ce débrayage, mais c'est sous la contrainte qu'ils reprennent le chemin du travail. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a notifié aux 48 wilayas du pays de procéder à la réquisition des médecins vétérinaires protestataires. Il s'agit, pour le syndicat, d'«une méthode de pression de l'administration qui n'a pas trouvé d'autres moyens que de recourir à cette forme de répression qu'on croyait révolue». A en croire le syndicat, les réquisitions ont curieusement touché les vétérinaires des postes frontaliers plus que d'autres. Pendant ces deux semaines d'agitation, ceux qui ont adhéré au mouvement initié par le Snvfap ont décliné toute responsabilité pour ce qui est de la commercialisation des produits ne comportant pas un certificat de salubrité. Une véritable aubaine pour certains commerçants qui n'ont pas hésité à commercialiser des produits alimentaires non contrôlés, à l'image de la viande. Si certains d'entre eux ont choisi de faire appel aux vétérinaires non agréés, d'autres ont fait carrément l'impasse profitant de la suspension provisoire de l'opération d'estampillage de la viande. Certains témoignages font même état de prolifération de l'abattage clandestin. Ainsi, si par miracle aucun cas d'intoxication ou de zoonose n'a été signalé lors de cette période de contestation, il faut dire que la grève des vétérinaires aurait pu être à l'origine d'une véritable catastrophe. Le risque de voir rebondir le mouvement de contestation dit «Griffe de la colère» demeure, en tout cas, présent. Tout laisse croire que la grève ressurgira tôt ou tard si les revendications de la corporation ne sont pas prises en charge. Il reste au commun des citoyens de croiser les doigts pour que le Snvfap ne mette pas sa menace à exécution en cette saison estivale et à quelques mois du ramadan. Deux périodes marquées habituellement par une large consommation de viande et de produits laitiers. Les médecins vétérinaires de la fonction publique estiment mériter plus d'égards de la part des pouvoirs publics qui, faut-il le dire, leur reconnaissent la qualité de «première barrière sanitaire du pays». Le ministère de l'Agriculture leur avait même promis, au ramadan de l'année passée, de donner plus d'importance aux missions d'inspection et de la valorisation de cette fonction. Mais sur le terrain, les choses ne semblent pas avoir beaucoup évolué. Le vétérinaire demeure faiblement rémunéré avec un salaire moyen de 22 100 da par mois.