Constat n Si la quantité de produits altérés lors de toute la période de grève des vétérinaires reste inconnue, il demeure certain que des citoyens ont bel et bien consommé des denrées alimentaires sans certificat de salubrité. «C'est une réalité et une affirmation que personne ne peut nier. Des tonnes de marchandises et de denrées alimentaires ont été fournies sans certificat de salubrité», confirme le Dr Hamza, le chargé des relations publiques et de la communication au niveau du Snvfap. La commercialisation s'est faite avec «le seul PV de vérification et parfois rien», assure-t-il. Pourtant, du point de vue juridique, la loi ne reconnaît que le certificat de validité du produit délivré par le vétérinaire. Selon notre interlocuteur, des Algériens ont consommé des produits qui n'ont jamais été contrôlés durant la grève. Ce qui a été également le cas, rappelle-t-il, pendant le premier mouvement de protestation du mois d'avril et qui a duré 20 jours. Les médecins vétérinaires de la fonction publique se sont, rappelons-le, abstenus de délivrer les documents officiels. Il faut dire que l'économie nationale a subi de véritables pertes lors de ces journées de protestation. Quelques chiffres sont disponibles pour illustrer cet état de fait. Cinq tonnes de produits de mer (poissons, crustacés) et plus de 5 tonnes d'escargots, tous destinés à l'exportation, ont pourri à El-Tarf, Ghazaouat et Mila. Les autorités de l'autre rive de la Méditerranée ont refusé d'accueillir ces produits sans le certificat de salubrité qui devait être délivré par les vétérinaires. Par ailleurs, plus de 100 conteneurs de lait en poudre et 10 autres de viandes d'une charge totale de 2 400 tonnes sont restées pendant des jours en souffrance au port de Béjaïa. Des produits qui nécessitent un dégagement immédiat car facilement périssables. Le rôle des vétérinaires dans la protection du consommateur est pourtant indéniable. Selon le ministre du Commerce, rien que durant l'année 2007, les services vétérinaires et de contrôle de la qualité aux frontières ont refoulé pas moins de 160 000 tonnes de marchandises avariées. Celles-ci devaient être introduites frauduleusement sur le marché national par des importateurs indélicats. Mais qu'en est-il de cette période de débrayage ? En tout cas, le chiffre évoqué ci-dessus laisse présager le pire au regard du volume de produits alimentaires transitant, chaque année, par nos frontières terrestres et maritimes. Le Snvfap relève également que le contrôle d'hygiène dans les cantines scolaires et publiques est rarement assuré. Ces dernières auraient été approvisionnées par de la viande non conforme à la qualité requise, selon le Dr Hamza. «En l'absence de tout contrôle, ces cantines auraient reçu de la viande de vache et de chèvre à la place du bœuf et de l'agneau…»