Cour Candidats et autres multiplient les discours élogieux à l?égard de la grande muette. Depuis l?annonce de sa candidature à la magistrature suprême, le 4 octobre dernier au sortir du congrès extraordinaire du FLN, Ali Benflis a dressé de longs réquisitoires, multipliant déclarations, commentaires et interviews, mais n?a parlé que, très rarement, de l?ANP à qui il faut remettre la palme du corps le plus courtisé à la veille de chaque échéance électorale. «L?ANP a, officiellement et solennellement, déclaré, par la voix de son chef d?état-major, sa position de neutralité. C?est une position que je salue et dont je n?ai vraiment aucune raison de douter», avouait, cependant, le candidat FLN le 15 décembre dernier. Selon le général à la retraite, Rachid Benyellès, qui vient d?entrer en lice, «l?armée n?a pas de candidat». Avant d?assener qu?il a reçu «des garanties formelles que l?armée sera neutre» avouant avoir «plusieurs militaires à (ses) côtés». Pour un homme qui a passé toute sa vie dans le sérail, «l?ANP n?a pas d?emprise sur l?Exécutif et l?Administration» et «la neutralité de l?armée demeure un problème si on laisse Bouteflika organiser les élections dans les conditions actuelles». Le général à la retraite a indiqué que «si jamais il est élu, l?ANP, qui restera à l?écart des luttes partisanes et politiques, sera consacrée dans le rôle de garante de pérennité des institutions républicaines par la Constitution». Aït Ahmed, toujours intransigeant quand il s?agit de défendre ses thèses de la constituante comme préalable à la sortie de crise, a estimé que «personne n?ignore que le scrutin est cuisiné par les décideurs d?amont en aval et dans toutes ses séquences». «Le président étant investi d?avance par les décideurs, la question est de savoir pourquoi ne se sont-ils pas encore mis d?accord sur un candidat ?», s?est-il interrogé. Pour Hachemi Cherif, président du MDS, «l?institution militaire fait l?objet de beaucoup de flatteries. Mais c?est la nature de l?Etat plaçant l?ANP au centre du pouvoir qui fait que tout le monde regarde de son côté. Nous sommes toujours avec l?ANP dans sa lutte implacable contre le terrorisme, mais Touati et les autres doivent comprendre que l?ANP n?est pas leur propriété, mais celle du peuple algérien». Il mettra en garde enfin contre «l?utilisation de l?élection présidentielle qui ne fera que perpétuer ce système rentier, corrompu et corrupteur». Faisant partie, lui, du fameux six qui s?est retiré lors du précédent scrutin, Mouloud Hamrouche a mentionné dans sa déclaration du 17 décembre dernier que «l?armée populaire, en décidant de quitter le champ politique, demeure partie prenante des mécanismes décisionnels déterminants ; et c?est à ces conditions que les prochaines élections pourraient être porteuses d?espoir». A l?heure des atermoiements et des calculs, l?ANP reste muette et n?avance que par signaux. Comme celui, par exemple, émis par le général-major Mohamed Lamari lorsqu?il déclare : «L?armée n?est pas contre l?avènement d?un président, fût-il islamiste». Ce jour-là, tout le monde aura compris que si l?armée ne fait pas «la pluie et le beau temps», elle trace, cependant, les lignes rouges à ne pas dépasser.