Constat n Les profils recherchés par les grandes entreprises sont rares sur le marché national, ce qui se répercute sur leur mobilité d'une compagnie à une autre suivant les conditions de travail, l'évolution du plan de carrière et aussi les salaires les plus attractifs. Cette instabilité des cadres qualifiés est appelée à s'accentuer davantage avec l'arrivée en force des multinationales spécialisées dans différents secteurs d'activité. Cette situation, si elle fait le bonheur d'une minorité de compétences nationales «priée» de rejoindre les grandes entreprises, aura des conséquences fâcheuses sur les sociétés nationales publiques et privées qui risquent d'être vidées de leurs cadres. Ces dernières sont donc, plus que jamais, appelées à suivre la nouvelle réalité en proposant des conditions à même de garder leurs ressources humaines qui ne sont certainement pas prêtes à faire la fine bouche devant les multiples sollicitations émanant des multinationales. La rareté des profils les plus recherchés par les grandes entreprises s'explique d'une part par le niveau jugé «défectueux» de formation dispensée par les universités algériennes et, d'autre part, par le phénomène de la fuite des cerveaux vers les pays développés. Les résultats d'une enquête réalisée par le bureau d'études «Lincoln et associés», spécialisé dans les ressources humaines, à la fin de l'année 2007, sont très révélateurs dans ce sens. L'étude qui a touché un échantillon de 400 cadres exerçant dans des sociétés multinationales, a fait ressortir que la majorité des ressources humaines qualifiées ne comptent pas rester au même poste au-delà de trois années d'exercice. Ainsi, «51% des cadres interrogés envisagent de changer d'entreprise d'ici à un an, alors que seulement 12% se voient rester dans la même entreprise et dans la même fonction, et 31% dans la même entreprise mais dans une fonction différente», révèle l'enquête. Aussi, «dans une perspective de 2 à 3 ans, seuls 6% pensent se trouver encore dans la même entreprise et au même poste !», ce qui signifie que plus de 90% des cadres comptent changer d'entreprise étant certains qu'ils seront sollicités par plusieurs autres multinationales. Le salaire constitue la première motivation poussant ces cadres à vouloir opter pour d'autres sociétés, suivi par l'évolution de carrière et ensuite le dynamisme de l'entreprise. «En réalité, la première raison de cette instabilité est la course au salaire : elle est citée chez 29% des cadres interrogés, devant les perspectives d'évolution (27%) et devant le dynamisme de l'entreprise (23%)», lit-on dans les résultats de l'enquête. De l'analyse des réponses fournies par les entreprises concernées, il ressort qu'elles ont engagé une course rude pour s'attacher les services des meilleurs profils et une absence de créativité en matière de recrutement. Il s'agit, souligne la même étude, d'une «obsession de la recherche du bon profil», alors que la politique RH «se résume au recrutement et à l'élaboration de la partie salariale du business plan». La défaillance des entreprises consiste, par ailleurs, à ne prendre aucune prise de risque dans le choix des candidats. Les critères de sélection restent très «conservateurs», précise l'étude.