Résumé de la 11e partie n La vieille Meriem est malade. la famille, trop pauvre, ne peut lui payer des soins. En fait, Meriem ne lutte non pas contre le sommeil mais, comme elle le racontera plus tard, contre une sorte d'engourdissement qui s'était emparé de son corps. Bientôt, elle ne peut plus bouger : elle a l'impression que ses bras et ses jambes pèsent plusieurs tonnes. — Qu'est-ce qui m'arrive, gémit-elle. Ses oreilles bourdonnent comme si un essaim d'abeilles s'y était introduit, ses paupières se baissent et elles sont si lourdes qu'elle n'arrive pas à les ouvrir. — Je ne sens plus mon corps ! La vieille femme pense tout à coup à Bouberak, le fantôme qui, selon la croyance populaire, s'empare du corps des dormeurs, les écrasant de tout son poids et les faisant souffrir toute la nuit. En réalité, c'est une sorte de cauchemar qui s'empare des gens qui ont copieusement mangé et qui n'ont pas eu le temps de digérer. Meriem a toujours eu peur de Bouberak et, depuis l'enfance, elle évite de tourner le dos à la porte, quand elle dort. Car le fantôme s'introduit à l'improviste, sous la forme d'un chat noir, et saute sur ses victimes. Comme Meriem est étendue, tournant le dos à la porte, elle tente de changer de position, mais elle n'y parvient pas. Elle fait un gros effort, sans succès, elle ne bouge pas d'un pouce. — Mais que se passe-t-il ? Elle a très peur et, malgré son âge, elle pousse un cri : — Yemma, maman… Mais les mots restent dans sa gorge, ne parvenant pas à franchir l'obstacle de la bouche, hermétiquement close. Quelque chose dit à la vieille femme qu'elle ne doit pas céder à l'engourdissement et que si elle se laisse prendre par le sommeil, elle ne se réveillera plus. Ce sommeil censé lui apporter le repos est synonyme de mort… Elle crie : — Maman…papa… Au secours ! Les sons meurent dans sa poitrine… Elle entend la porte s'ouvrir. Elle reconnaît la voix d'une de ses belles-filles. Pourvu qu'elle vienne voir ce qu'elle a ! Il y a quelqu'un avec la belle-fille — Chut, dit-elle, elle dort ! La porte se referme, derrière la belle-fille et la seconde personne qui l'accompagnait. Non, non ! crie Meriem, à l'intérieur d'elle-même. non, il ne faut pas la laisser dormir, au contraire, il faut la secouer de sa torpeur pour la réveiller ! Si elle cède à l'inconscience, elle est perdue. Mais personne n'entend ses cris… La voix de sa fille se fait de nouveau entendre. Elle gronde ses petits neveux. — Ne faites pas de bruit, votre grand-mère dort ! Les petits, jouent dans la cour de la maison, et les bruits du ballon parviennent effectivement jusqu'à la chambre de Meriem. Ce bruit, d'habitude, dérange la grand-mère, mais cette fois-ci, elle leur crie qu'ils ne doivent pas écouter leur tante et qu'au contraire ils doivent faire du bruit, chahuter même, comme ils le font d'habitude. «Allez, les enfants, criez, riez, faites le plus de bruit possible ! vous pouvez même me secouer et me frapper !» (à suivre...)