Alternative n Selon les spécialistes, un pays qui veut bénéficier de ses compétences a deux options. La première consiste à créer des conditions appropriées pour accueillir les expatriés (option retour) et la deuxième à mobiliser ces derniers en les associant à distance aux projets de développement (option diaspora). Pour ce qui concerne notre pays, les actions portant organisation de la communauté algérienne installée à l'étranger sont encore au stade de la gestation. C'est la raison principale pour laquelle le pays ne bénéficie pas des services que pourra rendre cette communauté. Début juin, à la fin des travaux du colloque organisé à ce sujet par l'Assemblée populaire nationale (APN), un appel solennel a été adressé par les pouvoirs publics aux «cerveaux» afin qu'ils regagnent le pays. Cette option est-elle possible ? Les conditions d'études et de travail à l'étranger font que les personnes qualifiées refusent de rentrer au pays, affirme Ahmed Mana, président de l'Association algérienne des ressources humaines (Algrh), une organisation qui regroupe des cadres du secteur public. Selon lui, ce ne sont pas uniquement les chants de sirènes qui retiennent les cadres «en fuite». «Même si ces personnes veulent retourner, il n'y pas l'accompagnement nécessaire. Le cadre de réception n'existe pas. Un chercheur n'aura pas un laboratoire adéquat et bien équipé, un bon manager ne trouvera pas l'organisation souhaitable. Au-delà du salaire qui n'est pas comparable, il n'a pas les moyens de travailler et de s'exprimer et encore moins de motivations (…)», avance-t-il. Suivant les spécialistes, un Etat qui opte pour le retour de ses cadres, doit consentir de lourds investissements dans l'équipement tout en dégageant des budgets importants pour la recherche. Ce qui n'est pas encore le cas pour l'Algérie. Dans ce sens, l'appel lancé aux «compétences» a peu de chances d'être entendu. La règle a son exception. «Certains viennent de leur propre gré et à leurs frais donner des conférences ou encadrer des projets de recherche initiés au niveau de certaines universités algériennes», a déclaré, fin mai, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia. Le ministre a tenu, en outre, à préciser : «Il ne faut pas croire que tous ceux qui partent à l'étranger sont des cerveaux et que ceux qui sont restés ne le sont pas.» Ce volontariat ne peut, en aucun cas, jeter les bases d'une stratégie en la matière. Le retour des cadres étant quasiment impossible dans le contexte actuel, une question s'impose : que fait l'Etat pour organiser sa «diaspora» ? Là aussi, le volontariat est de mise. «Il est du devoir des hommes d'affaires algériens établis à l'étranger de chercher les moyens et les méthodes qui leur permettent de participer au développement de leur pays», affirme Abdelaziz Ziari, président de l'APN. La cause n'est pas encore perdue : «Les compétences algériennes travaillant à l'étranger sont prêtes à s'impliquer dans les efforts consentis par l'Etat algérien pour le développement, pour peu que le gouvernement trace une stratégie (…)», avance Fateh Ouazzani, président du Réseau des Algériens diplômés des hautes écoles universitaires de France (Reage).