Dans la culture occidentale, le rêve est intimement lié à la production musicale, et ce, de la renaissance à l'époque moderne. La période la plus riche est celle que l'on désigne sous l'appellation de «musique baroque» où les scènes d'endormissement et de songe abondent dans les œuvres. Les opéras, les cantates ont presque tous des «pages oniriques». Il s'agit le plus souvent de scènes sereines et reposantes où le spectateur est invité à la méditation, mais qui s'oppose, dans l'esprit de l'art baroque, qui cultive la contradiction et le fantastique, avec des rêves funestes, qui bouleversent l'âme et la précipitent dans l'angoisse. Avec le romantisme, qui conteste la banalité de la réalité, la musique communique au rêve l'enthousiasme, mais aussi la mélancolie, voire le fantastique. C'est la période des symphonies, des pièces pour piano, des mélodies et, en pays germanophone, des lieds, poèmes chantés, ballades… Les grands compositeurs ont tous fait des rêves qu'ils ont cherchés à traduire en sons. On sait, par ses correspondances, que Beethoven a souvent rêvé de son lignage familial (il serait de sang royal, il aurait perdu son certificat de baptême, à plusieurs reprises), ce qui, aux yeux des psychologues, traduit ses angoisses sur la légitimité de sa naissance. Wagner était obsédé par sa passion pour les femmes, son agressivité et la peur d'être abandonné par sa femme… Toutes ces angoisses transparaissent dans les rêves et leur donnent un cachet particulier.