Témoignage n «Nous n'avons pas peur de mourir. Nous continuerons notre action jusqu'au bout. Moi-même j'ai été hospitalisé à plusieurs reprises et ce n'est pas, aujourd'hui, que je mettrai fin à mon action.» Tels ont été, entre autres, les propos tenus par un enseignant contractuel qui observe au même titre que 34 autres de ses collègues, une grève de la faim depuis plus de deux semaines. Le visage pâle et les traits tirés, comme d'ailleurs ses compagnons, il dit ne pas fléchir devant les intimidations des responsables qui ne tiennent pas compte de leur désarroi. Des syndicats autonomes (Snapap, CLA, Satef et Cnapest entre autres) se sont joints au mouvement des grévistes qui réclament leur titularisation dans leurs postes. Au total, ils étaient six syndicats autonomes à avoir manifesté, hier, mardi, leur solidarité aux enseignants contractuels dont l'état de santé se dégrade de jour en jour. Ces syndicats prenaient part à une rencontre avec la presse organisée au siège du Conseil national des enseignants contractuels sis à Belfort, El-Harrach. Deux points étaient inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre. Le premier a trait à la tenue, aujourd'hui, mercredi, devant le siège du ministère de l'Education, d'un sit-in de protestation auquel des partis politiques et des organismes de défense des libertés devront prendre part. Le deuxième point est relatif à l'appel que les six syndicats autonomes solidaires des enseignants grévistes ont lancé à l'intention des pouvoirs publics pour l'ouverture, dans les plus brefs délais, d'un dialogue responsable avec les grévistes ; car, ont-ils averti, le ministère de l'Education sera le «seul» responsable des conséquences de cette grève sur la santé des enseignants. Un représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) a indiqué que la ligue compte entamer des procédures judiciaires à l'encontre du ministère de l'Education qui fait preuve, selon lui, d'une attitude «inhumaine» face à la dégradation de l'état de santé des grévistes. «Nous allons porter plainte contre le ministère pour non-assistance à personne en danger», a fait savoir Hammoudi Falah. Les animateurs de la conférence, prenant tour à tour la parole, ont souligné le manque de reconnaissance de Benbouzid à l'égard d'enseignant(e)s qui ont tant donné au secteur, souvent dans des conditions dévalorisantes. «Comment voulez-vous qu'un enseignant qui ne peut même pas se permettre de se payer le transport ou de s'acheter des vêtements puisse exercer convenablement son métier ?», s'interroge le SG du Satef Mohamed Salem Sadali. Celui-ci ajoute qu'un enseignant qui évolue dans une situation aussi dégradante ne peut être que dévalorisé par son élève. M. Sadali fait savoir que le mouvement déclenché par ces enseignants qui mènent un combat «historique», est «une étincelle qui risque de devenir un brasier». En outre, une représentante du CLA (Conseil des lycées d'Algerie) a remis totalement en cause la crédibilité du concours qu'ont subi, hier, des enseignants contractuels en vue d'une éventuelle titularisation comme l'a exigé le ministère de tutelle. «Ce n'est que pure formalité», a-t-elle estimé.