Evolution n Un cadre de la Direction des affaires religieuses a souligné que le traitement affiché par le maître récitant du Coran vis-à-vis de ses élèves est devenu plus souple et plus tolérant aux erreurs. De nombreux élèves scolarisés se sont transformés, ces vacances d'été, en de véritables «guendouz» où disciples incontestés de récitation du Saint Coran au niveau des katatibe, mosquées, écoles coraniques et autres zaouïas de la wilaya de Tlemcen. Sitôt les cartables rangés à la faveur de l'arrivée des grandes vacances scolaires, ces jeunes disciples, «poussés» par leurs parents faute de moyens de leur offrir un voyage sinon un séjour au bord de la mer, se voient contraints, à leur grand désarroi, de fréquenter les katatibe munis de tablette ou ardoise, d'un stylo en bois et d'un encrier traditionnel douaya au lieu d'aller faire trempette dans une des plages du littoral ou simplement aller à la découverte de la grande Cité des zianides. La fréquentation des classes coraniques est devenue, par la force des choses et avec le temps, une tradition chez la majorité des familles tlemcéniennes si bien qu'elles entendent la perpétuer même en période estivale, afin de leur éviter de tomber dans l'engrenage de l'oisiveté «mère de tous les vices» et leur permettre de «réaliser quelque chose de valeur». En effet, la récitation du Coran reste ancrée dans les us et coutumes de la société et a toujours constitué la base de l'éducation chez la plupart des familles conservatrices à Tlemcen, mais aussi partout ailleurs dans le pays. Ali, 17 ans, en voie d'achever l'apprentissage «par cœur» du Livre Saint, a, depuis son plus jeune âge, fréquenté les katatibe à chaque fin d'année scolaire. Au début, a-t-il dit, «cela me déplaisait beaucoup d'aller en cours au point d'user de tous les subterfuges pour échapper à cet apprentissage», avant d'ajouter que «ce stratagème n'a échappé ni à l'œil avisé de mon père ni à celui de mon maître avec qui j'ai actuellement une relation très solide». De son côté, Amine se plaint du fait qu'il reste «confiné dans une salle» au moment où les autres enfants profitent des plaisirs de la saison chaude. Toutefois, a-t-il ajouté, «la méthode d'apprentissage et le bon comportement du cheikh avec moi, me motivent davantage à apprendre». Un cadre de la Direction des affaires religieuses a souligné que le traitement affiché par le maître récitant du Coran vis-à-vis de ses élèves est devenu plus souple et plus tolérant aux erreurs. «L'enfant qui réussit la récitation d'un hizb, se voit récompenser en décorant son ardoise et reçoit les compliments de sa famille et voisins», a-t-il fait remarquer. Une fois la récitation du Coran achevée, une cérémonie de khatma est organisée en son honneur soit à son domicile ou à la mosquée pour inciter ses pairs à l'imiter en accélérant la récitation d'un Hizb après l'autre. Sur le plan pédagogique, une méthode moderne est appliquée au niveau des katatibe ce qui permet aux disciples, selon un instituteur, «d'un côté, de se ressourcer et, de l'autre, de rompre avec l'exercice intellectuel en optant pour la méthode la plus simple et la moins fatigante, à savoir celle de la récitation. Cela a été rendu possible grâce aux moyens mis en place par la direction des affaires religieuses». En effet, le secteur compte plusieurs écoles coraniques en activité en sus de 400 classées ouvertes au niveau des mosquées et zaouïas et encadrées par 200 enseignants maîtres, récitants de Coran et imams. Près de 8000 élèves des deux sexes et de tous les âges sont recensés localement parmi les effectifs concernés par la récitation coranique en dehors des disciples s'adonnant exclusivement à cette pratique.