Vocation n Epris de culture et d'histoire, il s'est lancé depuis quelques années dans ce métier «peu lucratif, très absorbant, mais passionnant». Dinanderie ottomane, horloges murales du XIXe siècle, cuir et sellerie de la période coloniale, toiles de maîtres contemporains ou anciens objets de fantaisie et de décoration, plus rien n'a de secret pour Mohamed Ould kayar, le dernier antiquaire de Médéa ou Sidi El-Berkani, cet autre nom joliment donné à la capitale du Titteri en hommage à l'un de ses saints patrons. Epris de culture et d'histoire, Ould Kayar, la cinquantaine bien entamée, s'est lancé depuis quelques années dans ce métier «peu lucratif, très absorbant, mais passionnant», comme il aime à le définir. C'est que pour durer, l'homme a fait fi de tous les aléas qui ont précipité le déclin puis la disparition des rares antiquaires ayant tenté, avant lui, cette expérience pourtant qualifiée par tous de «captivante». L'antiquaire de Sidi El-Berkani a réussi, en un laps de temps très court, grâce à son abnégation et à sa force de caractère, à se constituer une formidable et précieuse collection d'objets rares, acquise en partie auprès de grandes familles de la région. Des centaines d'objets anciens venus d'horizons divers, datant pour certains du XVIe et du XVIIe siècles, trônent sur une succession d'étagères en bois, ou posés pêle-mêle à même le sol, dans sa boutique d'antiquité du vieux quartier de Bab Lakouas, au centre de Médéa. Une boutique que personne ne soupçonne, à première vue, pouvoir abriter de véritables bijoux, sauf peut-être le visiteur averti et les fins connaisseurs qui, dès le premier coup d'œil, peuvent savoir qu'ils ont affaire à des objets chargés d'histoire, d'émotion et de souvenir. Comblé par tant de reconnaissance qu'il reçoit quotidiennement de la part des plus avertis, Ould Kayar confie qu'il a toujours rêvé d'exercer un métier qui ne ressemblerait pas aux autres, qui se distinguerait de tous les autres. «Certes, ma venue dans cette profession est le fruit du hasard, mais dès les premiers jours passés dans la boutique de mon père, j'ai compris que c'était le métier que j'attendais ardemment.» «Evidemment, au début, en 2005, j'avais comme une sorte d'appréhension ou de crainte d'échouer, mais, j'ai très vite compris que pour réussir dans ce métier, il faut beaucoup de patience, d'abnégation et de sacrifices et surtout des contacts utiles avec d'autres gens du métier et avec les familles qui ont des objets précieux à proposer», explique-t-il heureux de son succès rapide. Le secret de la réussite ? «Il réside également, ajoute-t-il, dans la relation de confiance que nous avons pu tisser avec les familles possédantes, devenues, au fil des années, notre principale source d'approvisionnement.» L'antiquaire reconnaît néanmoins que le prix «peu abordable» de certains objets rares reste une «barrière infranchissable» pour de nombreux clients qui ressortent un peu frustrés de ne pouvoir s'offrir l'objet désiré. Mais comme tout bon antiquaire, il propose à sa clientèle, des tarifs «très avantageux», des reproductions d'objets anciens, notamment des objets de décoration ou de fantaisie réalisés par des maîtres artisans et des artistes issus des différentes régions du pays, une manière de fidéliser ses clients, d'aider à sauvegarder la profession et, plus prosaïquement, de continuer à fructifier son commerce.