Évolution n Une session extraordinaire du Parlement mauritanien s'est ouverte, hier soir, à Nouakchott. Deux tiers des parlementaires étaient présents alors que le président de l'Assemblée nationale, de l'Alliance populaire et progressiste, et au moins 31 autres élus avaient appelé à boycotter cette session en la qualifiant d'«illégale». Cette séance avait lieu alors que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, arrêté le 6 août par les militaires putschistes, reste privé de liberté et placé en résidence surveillée. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte qui l'a renversé, avait convoqué cette session extraordinaire à la demande des 107 parlementaires sur un total de 151, qui affichent clairement leur soutien au putsch. Cinquante-neuf députés sur 95 étaient réunis à l'Assemblée et 48 sénateurs sur 56 au Sénat. A l'ordre du jour de la session qui doit s'étaler sur un mois, figurent deux points très importants : «L'élection des membres de la Haute cour de justice», qui pourrait juger le président destitué, et la création d'une commission d'enquête sur «la gestion» de la fondation caritative que dirigeait son épouse. Le premier vice-président de l'Assemblée, un ancien chef d'état-major des armées, a rendu «un vibrant hommage à l'action des forces armées et de sécurité». Il a appelé la communauté internationale à « comprendre la situation que traverse la Mauritanie et la nécessité de préserver son unité et sa stabilité », et a, de nouveau, accusé le président destitué d'avoir «paralysé les institutions démocratiques», favorisé la «crise économique» et «le détournement de deniers publics». Les partisans de la junte défendent la «constitutionnalité du coup d'Etat» et affirment que c'est le président déchu qui entravait l'action du Parlement en refusant de convoquer une session extraordinaire. Ils lui reprochent aussi d'avoir voulu décapiter l'armée en limogeant quatre généraux au matin du 6 août. Le député Mohamed Moustapha Ould Bedredine, porte-parole des parlementaires hostiles au putsch, juge, au contraire, le coup d'Etat comme «un très grave retour au système dictatorial», après 30 ans de pouvoir militaire suivis de 15 mois de démocratie. «Quelles que soient les erreurs du président, cela ne justifie absolument pas de le déposer par les armes», a-t-il déclaré. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mardi «le renversement des autorités démocratiquement élues de la Mauritanie par l'armée» et exigé «la libération immédiate du président» destitué. Mais la télévision mauritanienne évoque fréquemment les marches de «soutien inconditionnel» au «mouvement de rectification» (coup d'Etat), organisées à l'intérieur du pays. Ce n'est exactement pas la réalité de la rue mauritanienne, car plusieurs milliers de personnes ont participé, hier après-midi, à Nouakchott à une marche de protestation contre le coup d'Etat du 6 août en Mauritanie et demandé le retour au pouvoir du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.