Une première dans les annales de la justice algérienne : un parti politique légal, le FLN pour ne pas le nommer, est interdit d?activités et ses comptes bancaires gelés. Le verdict, rendu hier par la chambre administrative près la Cour d?Alger, est intervenu à la suite d?une plainte déposée par des militants du parti ayant contesté les résultats du 8e congrès tenu en mars dernier. Un congrès dont les résolutions sont désormais «nulles et non avenues» selon le verdict de la chambre administrative. Certes, le FIS avait été dissous sur une décision de justice le 4 mars 1992, mais c?était dans un contexte très particulier : le parti dissous, à travers certains de ses militants, avait versé dans la violence au lendemain de l?arrêt du processus électoral de décembre 1991, ce qui le rendait illégal de fait. Pour autant, entre l?arrestation des dirigeants et militants du FIS intervenue dans le cadre de l?état d?urgence et sa dissolution, aucune décision de justice n?avait été rendue pour geler les activités et les comptes bancaires du parti dissous et ce même si c?était le cas dans les faits. Cela dit, le jugement rendu hier par la chambre administrative a une autre particularité : il a été rendu à la suite d?une plainte déposée par un groupe de militants du parti contre leur direction. Là aussi, c?est la première fois que la justice tranche dans une affaire «interne» d?un parti politique. Sur ce registre, il est utile de rappeler que bien des conflits politiques ont été portés par le passé devant la justice, mais celle-ci s?est toujours abstenue de trancher.